J’ai eu l’impression de passer presque toute cette Lune à l’attendre… et j’ai regardé autour de moi l’état dévasté de mes créations : projets ébauchés, parfois même tout juste rêvés et tous laissés à l’abandon.
Mon pouvoir de manifestation est miné par une hypersensibilité aux ondes, entraînant une fatigue constante. Les jours passent et je les traverse avec peine.
Nulle joie en moi, la source comme tarie.
C’est hier, devant mon petit feu, au cœur de la forêt pour célébrer Samhain que la Tisseuse m’a envoyé une de ses agiles émissaires.
J’étais là, à pleurer toutes les larmes de mon corps en discutant avec mes ancêtres tout juste perceptibles derrière le Voile, quand elle est venue se déposer sur moi, en toute confiance.
J’ai retrouvé le sourire devant cet être aux huit pattes tout frêle – et pourtant capable de bâtir des toiles d’une redoutable résistance. Elle a dû sentir que cet échange suffisait puisqu’elle a poursuivi sa route en se laissant glisser le long d’un de ses longs fils d’argent pour rejoindre le sol couvert des ors et des bruns, cadeaux des arbres tapissant avec amour le sol pour l’amender.
Les reflets des bougies donnaient à la scène une féerie incroyable… alors que le vent se faisait le plus discret possible, faisant tout juste danser les flammes.
Au retour c’est un être chaussé de sabots qui m’a fait l’honneur de se signaler en bordure du chemin. Je ne l’ai pas éclairé, saluant juste sa présence d’une pensée d’amour.
Au bout du sentier je fus accueillie par des lucioles. Incroyable spectacle ! Plus de trente ans que je n’en avais plus vu.
Alors le goût amer du laisser-aller s’est évanoui. Reste les projets qui attendent et le temps nécessaire à leur mise en œuvre.
Avec cette fantastique leçon des bienfaits de la solitude, celle bien vécue parce que choisie en conscience.
Gratitude Mère, ce fut un cadeau exceptionnel que de patienter pour te rencontrer vraiment