PORTRAIT DE FEMME
Je donne autant que je le peux, toujours par fractions, avec parfois le sentiment de me dissoudre. J’aime à partager le peu de choses que je crois savoir. Puis je reçois, alors que je ne m’y attends pas. Une tape sur l’épaule, le temps que l’on m’accorde, les confidences que l’on me fait (l’honneur de me faire). Le réconfort vient. Je respire de nouveau, des éléments se libèrent et suivent leur propre voie, avant de se rassembler pour former des motifs complexes. Je chéris ces hasards qui n’en sont pas. Je trépigne lorsque je me confronte à des situations dont je ne saisis pas le sens. Suivent l’acceptation, la compréhension d’un dessein plus grand, qui me dépasse, évidemment. Je perçois les redondances comme autant de signes. Écriture limpide de la Destinée.
Je me sens souvent désarçonnée par ces gens semblant si confiants en eux-mêmes, qui progressent vite et en tirent un rayonnement intense. Alors que je cherche encore à délimiter ce cercle intérieur, cet espace d’Équilibre intime où résonnent ces voix est paradoxalement fait d’un silence réconfortant. Ce lieu incroyable dont j’émerge disponible pour mes proches mais aussi pour ces inconnus qui ont besoin de dire Ce Qui Doit Être Dit. Et qui s’éloignent ensuite, tout simplement. J’apprécie ces instants, préalables à des Partages intenses. Ceux-ci surviennent de façons très diverses, qu’ils fassent suite à des concours de circonstances ou qu’ils soient amenés par des excuses sincères. Je ne cherche pas de prétexte : seul le « si… alors… » compte. Je ne force pas les choses, elles adviennent, ou pas. Certaines restent en suspens, tournent parfois en boucle des mois durant avant que l’apaisement de la résolution ne se présente. Je ne les chasse pas : elles ont, à ce moment précis, leurs raisons d’être. Nulle fatalité, bien au contraire. Les alertes fonctionnent, le dialogue intérieur reprend, m’assurant la stabilité nécessaire pour résoudre ce qu’elles sous-tendent et éviter d’être parasitée. J’ai confiance en le Temps, il est source d’une maturation et nous offre le luxe des explications a posteriori, pour qui sait faire preuve de patience et de recul.
A ce stade je peux affirmer que non, je n’ai pas idée d’où peut bien se trouver ma place ni quel est mon rôle ici-bas. Les facettes sont multiples, les personnages nombreux, les pistes à exploiter indénombrables. Et pourtant, je mets un pied devant l’autre, pleine de confiance dans l’Intangible. En cette période de mutation profonde, je trouve des échos à mes pensées, je me sens de moins en moins seule. Les appuis se font plus nombreux et solides, les Résonances s’amplifient et progressent. Je ne cherche pas de Guide. Mes amis (d’une minute ou d’une vie) sont là pour pointer le doigt et me dire « regarde derrière toi, ce magnifique coucher de soleil ! ». Et je les remercie encore et encore. Ils rétablissent les connexions perdues, me consolent, me tancent – à raison ! – parfois. Ils s’adressent directement à mon Enfant Intérieur et en cela, ils sont merveilleux.
Alors je m’arrête quelques instants pour recevoir le baiser d’une abeille et je me sens Terrienne, au-delà de toute autre chose. Emplie de cet Amour infini, reliée à tous et toutes, hors du temps et si justement ancrée dans le Maintenant. Je peux dès lors dire « Merci » et sentir le mot vibrer si fort et alimenter ce grandiose réceptacle qui s’en nourrit pour mieux nous le restituer par la suite.
Puis je repars arpenter les sentiers du Destin, le Cœur ouvert à de nouvelles découvertes…
A partager ensuite !
Article paru dans la magnifique revue « Rêve de Femmes » n°29 (hiver 2012)