Initialement publié le 5 novembre 2012 sur le blog de la Savonnerie Minervoise
Après la traditionnelle question : « Madame, est-ce que votre savon mousse ? » (oui) vient l’autre question « et… Il dure longtemps ? Parce qu’à ce prix-là…«
Je reviendrai une prochaine fois sur la question du prix d’un savon, qui mériterait une suite d’articles si on voulait ouvrir tous les points qui la composent. Mais revenons à celle de la durée de vie d’un savon fabriqué en saponification à froid.
Petit retour en arrière, dans les préambules de la fabrication.
Tout commence quand, crayon à la main, nous formulons le produit. Les huiles qui composent le savon mais aussi certains additifs (naturels, me concernant), permettent d’avoir une première idée de la dureté mais aussi de la vitesse de fonte du futur savon.
Viennent les tests, qui peuvent aller très vite comme prendre plusieurs mois avant de trouver l’équilibre souhaité. Et une fois trouvée LA formule qui nous convient, la recette passe par les affres des validations, dépôts et autres joyeusetés qui font de nous des bêtes de concours administratifs. Si, si…
Passé ce stade, plus de variantes possibles. On passe en fabrication et le produit est commercialisé. Qu’il fonde vite, ou pas.
Je ne m’étendrais pas sur les assemblages d’huiles et de beurres, les différents indices et autres menus plaisirs techniques. C’est notre partie, ce qui fait le cœur de notre métier. Par contre, une fois sortis de cure, les savons ont une vie bien à eux… Et ce sont ces aspects qui vont nous intéresser.
Je passe brièvement sur les clients fidèles et connaisseurs qui précisent sur leurs listes d’achat « le plus sec possible » ou qui me demandent si « vous avez un stock d’au moins 6 mois ? » quand ce n’est pas « je vous prends les plus vieux, tant pis s’ils n’y seront pas tous« .
Pour le restant des clients, voici quelques conseils simples si vous voulez, vous aussi, avoir des savons en saponification à froid qui durent :
– provisionnez ! Un savon qui a été fabriqué un mois et demi avant son utilisation durera entre 15 jours et 3 semaines (données indicatives concernant mes produits), là où un savon qui a été « oublié » une année mettra presque deux fois plus de temps à fondre ;
– stockez correctement ! Au noir, au frais, au sec et hors de leurs suremballages (les étiquettes peuvent rester mais pas les sacs qui les entourent car il leur faut pouvoir respirer). Comme pour du fromage, du vin et autres produits qui font notre réputation au niveau gastronomique. Les savons parfument vos placards et dressings tout en éloignant les mites, profitez-en. Et comme nous parlons de savons surgras, évitez de les glisser entre vos vêtements, vous n’êtes pas à l’abri d’une hygrométrie facétieuse et de conséquences peu agréables (savons qui se mettent à « suer » et un mélange de surgras et de glycérine pouvant alors tâcher les tissus). Phénomène plutôt rare mais mieux vaut prévenir…
– ne me croyez pas ! Ou presque. Faites l’essai. Le test est la meilleure façon de comprendre que ces savons sont « vivants » : ils respirent, ils perdent en eau, ils sèchent à cœur, leurs parfums se modifient (mais reviennent une fois sous l’eau en frottant un peu la surface) et surtout, ils n’expriment plus du tout les mêmes choses.
Un big up à mon époux qui m’a soufflé l’idée de cet article. Il n’utilise plus que des « vieux » savons et récemment, il m’en a pris des tout juste sortis de cure. Il a été très déçu de les voir fondre plus vite que les précédents et m’a pressée d’expliquer avec des mots simples pourquoi il y avait systématiquement des savons partout dans nos placards et comment conserver ceux que l’on achetait pour en tirer le maximum de bénéfices.