Initialement publié le 26 février 2012 sur le blog de la Savonnerie Minervoise
Fabriquer un savon est en soi d’une simplicité quasi enfantine. En saponification à froid, on distingue plusieurs étapes :
– La lessive caustique
Soude ou potasse : on peut choisir.
Les savons durs sont à base de soude caustique ou NaOH. Ceux dits « mous » (savon noir du hammam par exemple) sont à base de potasse. Certains ont des lessives constituées des deux, pour un savon-crème.
Dans tous les cas, on a besoin d’une base (d’un pH 14 nous concernant).
L’alcali choisi est mélangé à un liquide (eau, jus de fruit, lait, infusion…) jusqu’à sa parfaite dissolution. Une réaction exothermique a lieu (comprendre : un fort dégagement de chaleur) et on attend que la solution refroidisse pour continuer.
– Le mélange des corps gras
Les savonniers en sont dingues : huiles, beurres et en général tout corps gras qui puisse être saponifié.
Chacun affiche ses préférences : première pression à froid, vierge, biologique ou au contraire raffiné, hydrogéné… Végétales ou animales, les sources sont multiples. Ici tout dépend de ses convictions. Néanmoins toutes ont leurs particularités et propriétés.
Les beurres sont chauffés pour atteindre leur point de fusion (comprendre : jusqu’à devenir liquides) et ensuite on ajoute les huiles.
Chaque savon a une base de gras qui permet d’ajuster ses propriétés. Ici, on parle comme pour les Jedis de « pouvoirs » :
– pouvoir moussant (mousse/crème/bulles)
– pouvoir lavant/décapant (terme souvent mal compris qui nous indique l’agressivité du lavage sur l’épiderme : d’inexistant à fort, tous ont leur utilité)
– pouvoir hydratant (ce qui reste sur la peau et donc, ce qui va nourrir les fameuses « couches supérieures de l’épiderme »)
– dureté (qui détermine la vitesse de fonte)
Ces grands indicateurs sont bien pratiques en théorie, ensuite chaque savon exprime sa personnalité. D’autres paramètres viennent jouer : intensité de la phase de gel (réaction exothermique qui a lieu lors du mélange lessive de soude + huiles et qui se poursuit un bon moment, ou pas), conditions et temps de séchage, ajouts…
– Les ajouts
Souvent réalisés à la trace, ils sont très divers. Argiles, terres colorantes, parfums, graines, poudres de fruits, conservateurs mais aussi huiles végétales fragiles, oeufs et dérivés laitiers, produits de la ruche, sel, sucres… Ils viennent parfaire la texture, l’odeur et la couleur. Ils apportent des modifications et permettent également bien des facéties graphiques et olfactives.
– La mise en moules
Les moules sont appelés « mises » dans notre jargon. Leurs formes sont variées, leurs compositions aussi. La Savonnerie Minervoise aime le bois, ce qui demande un chemisage mais permet une belle phase de gel et donc d’accompagner la réaction exothermique de manière douce. Ainsi la saponification de la pâte est homogène.
Chaque savonnier a ses lubies concernant le temps que les savons doivent passer dans les mises. Néanmoins les recettes sont très différentes et comme elles ont chacune leur petit caractère, nous devons surtout nous adapter !
– La découpe
Le démoulage est un moment magique. Le grain du savon, son odeur, sa couleur… Rien n’est abouti mais chaque élément est un indicateur en soi. L’observation couplée à un peu d’expérience permet d’imaginer ce à quoi va ressembler le produit final.
Ici entre les découpoirs manuels, automatiques, semi-automatisés, ceux achetés ou fabriqués sur-mesure, le choix est vaste ! Mais ce qui compte c’est la précision du geste et la délicatesse lorsque le savonnier manipule ses « petits ».
– Le séchage
Il est appelé « cure » dans notre jargon. Là encore, nous avons nos préférences et les compositions ne réclament pas les mêmes durées.
Certains savonniers aiment à contrôler les températures et l’hygrométrie, d’autres pas.
– La libération des lots
Dernier temps fort : les contrôles réalisés pour vérifier le pH, le grain, l’odeur, l’aspect général et le poids avant étiquetage et mise sur le marché.
Rien n’est laissé au hasard pour qu’au final, le bonheur soit dans votre bain !