Je m’appelle Alice

Y’a quand même une phrase qui revient constamment chez moi : « J’ai pas le temps ».
Je suis hyper organisée, je sais planifier – sans aller à l’excès, juste pour éviter d’être débordée – je sais « faire rouler » les choses, j’assure au quotidien. Je suis de celles qui surprennent, qui sont capables (vu de l’extérieur) de mener des projets à long terme, de faire des choses, plein de choses. Je suis de celles dont on imagine qu’elles ne s’arrêtent jamais (et c’est un peu vrai).
Je suis de celles qui attaquent un projet, qui ont envie d’en lancer un second et qui se retournent quelques temps plus tard et en ont quinze en cours, et un seul qui progresse vraiment.
Je suis de celles qui n’ont pas le temps.

C’est drôle à pleurer, en un sens. C’est exaspérant car je ne cours pas partout, je suis méthodique, je suis parfois éparpillée sur le plan intellectuel mais si je veux mener à bien une tache, j’y parviens sans peine. Néanmoins, c’est neuf fois sur dix pour autrui. Me concernant je suis une fille « très nature », que l’on qualifie de « bête de travail » mais jamais de « mignonne » ou de « soignée ». Ah ça non, il me faudrait dormir (encore) moins pour prendre le temps de me maquiller le matin, de faire les retouches dans la journée, de repasser mes vêtements ou même de choisir ma tenue…
Là ça m’agace passablement car je n’ai ni le temps de lire (et ça, ça me manque terriblement), ni de me faire un henné, ni… Bref, boulot – vaisselle – bébé – voiture – gnagnagna… – mari qui réclame [de l’attention, de l’écoute, des conseils, de me laisser les taches ménagères, des câlins et j’en passe]. Et quand je passe par ce forum, je lis des choses merveilleuses, je me dis « ah oui, ça fait longtemps que j’ai pas fait un exercice – de méditation – de relaxation – de visualisation – etc ». Alors je vais me coucher pour être tranquille, dans un lieu où personne ne viendra plus me chercher… et je m’effondre dans les bras de Morphée.

J’ai le sentiment que ces symptômes sont ceux que nombre de personnes ressentent. On se réveille un matin, on se dit « putain X ans ! » et on s’aperçoit qu’on a rien vu passer.
Je me bats contre ça, je consacre du temps à ma fille, à mon mari, à mes amis, à mon chat (ok, pas aux plantes, elles ne doivent pas leur survie à ma vigilance, j’avoue). Je fais attention aux saisons, aux rythmes de la vie, de chaque jour, je hume le vent, j’apprécie la chaleur comme les frissons provoqués au petit matin par la rosée sur mes chevilles… Pourtant, j’ai le sentiment de « ne rien faire ». Comprendre « ne rien faire pour moi ».
C’est affolant, car à trop avancer sans voir le bout de rien, on risque de se perdre. Et les chemins sont rarement faciles à emprunter. Bref, grand moment d’énervement car ces temps-là ne trouvent pas leur place dans mon planning.

Et petite envie car à lire Maïna et son ressenti durant ses lunes, je goûte ses mots, je partage ses sentiments et ressentis mais désespère un peu d’avoir choisi un partenaire de vie qui n’y capte que pouic et ne me laissera pas forcément vivre les choses comme je le voudrais.

Drôle de conclusion à ce fragment encore bien erratique : je crois que je devrais être un chouïa plus égoïste, parfois… Ça permet après coup de mieux revenir aux autres. Alors je ne chanterai pas « mangez-moi mangez-moi mangez-moi » mais plutôt « laissez-moi laissez-moi laissez-moi [en paix] ».

D’ici la prochaine fois…

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