World War Z : scénario 0

Brad Pitt avait prévenu lors d’une interview : il voulait faire un divertissement familial sympa pour l’été et pas un chef d’œuvre.

Merci à lui car il n’a pas menti.

De ce film rythmé aux ambiances bien rendues je suis sortie très dubitative.

Premier constat : la 3D n’apporte rien. Autant Le Hobbit exploitait incroyablement bien cette technologie, autant pour ce qui concerne les zombies, deux scènes ou peut-être trois en ont profité mais pour le reste, cela engendre surtout une belle fatigue oculaire (et des maux de tête persistants pour la trentenaire sensible que je suis).

Second constat : les scénaristes ont été bouclés dans une pièce et nourris à coups de pizzas pendant deux semaines seulement*. Si ne pas suivre le livre (qui n’est qu’une compilation de témoignages bien après la fameuse guerre) était une belle idée – et les meilleures adaptations sont bel et bien des trahisons – ne pas exploiter les nombreux détails et une bonne partie de la matière s’est avéré fort bancal. Ainsi, loin du Guide de survie en territoire zombies (du même auteur), le héros commet parfois quelques petites bourdes – et surtout ne subit pas tant d’avaries que cela dans la première partie, ce qui la rend fade par manque de profondeur. Mais le plus dommageable tient à ces « gros » détails (qui sont censés faciliter la fluidité du scénario) comme [attention : spoiler inside !] :

  • la transformation en zombies en 12 secondes chrono, que le héros observe sans sourciller au beau milieu d’une foule en pleine cohue. Certes l’aide de la « poupée compteuse » est bienvenue mais il suffit d’attendre un peu pour apprendre qu’en fait la mutation suivant la morsure peut prendre jusque 10 bonnes minutes. Ahhhh les petites astuces de scénaristes en mal d’inspiration…
  • les chiens sont passés à la trappe. Et quel dommage puisque les entrées de Jérusalem sont justement protégées par eux. Du coup, la scène de l’avion qui suit est nébuleuse pour le spectateur n’ayant pas lu l’ouvrage au préalable. Ceci n’enlève rien à la beauté des tableaux de la Ville Sainte (mais ce décor grandiose se suffit à lui-même de toutes façons) ;
  • la fin heureuse (« Happy end » en anglais). Retenons qu’il s’agit d’un « divertissement familial », pour ne pas trop souligner les affleurements grossiers d’une trame écrite à la hache et mentionner l’humour qui émaille les répliques ;
  • et pour ne pas divulguer le dénouement général, regrettons simplement la honteuse copie de Je suis une légende, que l’on requalifiera de « source d’inspiration » à défaut « d’hommage ».

Note personnelle : le jeu de l’acteur principal n’est pas non plus d’une subtilité étonnante. S’il ne fait pas de doute qu’il est très professionnel, il semble survoler son propre film, avoir un pied dedans mais l’autre dehors et in fine, il manque parfois une certaine tension car on peut avoir la sensation qu’il « attend la suite » (comprendre : il connaît le scénario) et donc décroche de l’instant présent.

Sur les zombies, il y a une belle littérature générale et outre les textes de fiction, quelques analyses pour le moins intéressantes. Ci-dessous, un lien fort pertinent d’un magazine réputé pour son sérieux et des renvois vers d’autres sources toutes aussi passionnantes (et parfois étonnantes !).

*Ceci est un mythe, évidemment. Les contraintes d’écriture du cinéma sont particulières mais comme tout ce qui touche à la rédaction, quand le temps est trop court la matière produite s’en ressent. Pour être honnête je ne sais en combien de temps le scénario a été rédigé, je peux simplement ajouter que les directives données ont eu également un gros rôle à jouer.

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