What the fu*k ?!!
Oui belle manière de jurer tout en étant à la mode. C’est l’effet que me fait le monde – cet espace indéfini dans lequel je me meus – en ces derniers temps.
Avez-vous remarqué ces gens dont on dit « c’est un excentrique », « il ne vit pas dans le même monde que nous » ou encore « elle plane à cent miles ». J’en suis, pour sûre. Je sais comment les gens me perçoivent, ou du moins je le ressens. Le plus souvent il y a de la condescendance, parfois de l’animosité, et encore d’autres qui ne me prennent tout simplement pas au sérieux.
Néanmoins, cet aspect ne me dérange pas. Je ne cache pas ce que je suis. Ce qui me gêne ce sont les instants – de plus en plus fréquents – de « déconnexion », ces périodes où j’erre dans les limbes, où les tâches quotidiennes s’enfilent comme des perles mais où ma conscience est comme absente. Le pire reste l’effet miroir, ce temps précis pendant lequel je m’aperçois que je ne suis pas vraiment là et que je sais nécessaire. Son « côté obscur » est que je n’ai aucun moyen pour briser cette glace, pour traverser cet espèce de plan d’eau qui semble faire « brouillard ». Je sais d’expérience que ces périodes sont complexes et qu’elles doivent advenir. J’en ai déduis que c’est pour cela que je ne peux les arrêter et naviguer selon mes envies entre les « deux mondes ».
Mais c’est difficile à vivre car mes proches le savent, je deviens imbuvable, ou plutôt je suis absente, imperméable, pas là, dites-le comme vous le voulez. Rien ne semble m’atteindre, je suis loin, très loin et d’une indifférence absolue.
Cette « ouverture du canal » (me demandez pas lequel, j’en sais rien) reste une expérience forte, car je plonge dedans sans aucun avertissement et j’en ressors de manière aléatoire. Un jour, une heure, à un instant X je prends conscience que les couleurs sont redevenues « normales » (riez pas, c’est super dur à expliquer comme sensation – ici private joke quand même : je suis dyschromate, alors la normalité des couleurs…), que je vois à nouveau les détails, que je reprends pied donc dans la réalité dans laquelle le restant des communs évoluent.
Lors de ce retour au réel je reviens pleine d’émotions, avec une capacité à l’observation renforcée, un besoin de tendresse accru et plein de petits indices qui me disent « welcome back ».
N’empêche, what the fu*k ?! Ces ruptures à répétitions, ces cassures non maîtrisées me posent un sacré problème au quotidien. Car rêvasser c’est bien, mais encore faut-il assurer aussi. Certes faire de longues listes des tâches me permet de m’y retrouver mais c’est fastidieux, et comme je suis paradoxalement imperméable, tout m’atteint et reste stocké en mémoire, comme si c’était dans une corbeille marqué « en attente de traitement ». Le retour est donc brutal car il y a une foule d’informations à classer, à décider de ce que j’en fais. Ça relativise aussi, je dis pas… M’enfin, y’a vraiment des jours où je me dis que la spiritualité c’est bien, mais que si ça pouvait éviter de devenir une entité à part entière et avec une totale indépendance sur le reste, ça serait mieux !
Et bien sûr, en pointillés derrière, il reste la peur, celle qu’un jour je parte et je bascule complètement, que je ne revienne pas. Comment le pourrais-je sans mode d’emploi ? Mes attaches seront-elles suffisantes ? L’envie suffira-t-elle ? Mais aussi, que fais-je là-bas ? Car le brouillard est tel que je ne perçois rien, de l’autre côté. Je sais que j’y suis, pour autant, j’ai juste le sentiment qu’une partie de mon âme dit « ouais ben là y’en a marre, on va se faire une petite retraite spirituelle à l’arrache, pouf, et on reviendra quand ça ira mieux hein… En attendant le monastère/la grotte, on déconnecte et roule ma poule ! »
Curieuses périodes d’auto-observation, de distanciation forcée, de ressourcement a minima, de total besoin mais également frayeurs accrues car je sais le potentiel de mes rêves, les réveils le cœur battant après des cauchemars que d’autres qualifieraient de rêves prémonitoires. Il fut un temps où je les écrivais, je les dessinais. J’ai arrêté mais je continue de pleurer après et ils me hantent encore. Et comme je ne suis pas « Medium », je n’ai aucune envie mais alors aucune envie de les voir se reproduire. M’enfin, ça non plus, on ne le choisit pas…