J’aime pas les gens qui racontent que rien n’est tout blanc ou tout noir. La vie est patinée de nuances certes, mais entre saisir les différentes intensités de couleurs, la palette splendide de la Nature, les variations subtiles de l’âme et détourner une expression pour justifier d’un comportement dont les motivations sont troubles, il y a plus qu’un écart.
Et pourtant… Si nous y regardons de plus près, combien de fois avons-nous agit « en apparence » ? Pour cacher quelque chose, pour obtenir un objet, un acte, pour provoquer autrui…
Et quelle satisfaction lorsque cela fonctionne ! L’ego – il a bon dos parfois – se pourlèche de ces situations. Il jouit d’aboutir, de se sentir le plus malin. Et quelle tête il fait lorsqu’il est percé à jour !
Je le disais déjà, je suis une fainéante. Je ne mens pas, c’est trop fatiguant. Ceci dit, il m’arrive d’intriguer, de glisser « le mot qu’il faut », de placer la petite phrase pour faire réfléchir, pour infléchir une personne, pour « l’aider à penser par elle-même » ou tout du moins lui montrer d’autres facettes à une situation dont elle ne perçoit qu’un aspect.
Mais plus cela va et plus je me dis que le silence est plus qu’une valeur refuge. Je suis pourtant proprement incapable de me taire vingt minutes. Même seule, je me fais la conversation, je parle aux plantes, aux objets qui m’entourent. Comme le dit si gentiment un proche « t’es pas seule dans ta tête ». Je confirme, à quinze contre douze nous nous accordons sur ce fait.
Pourtant, parfois (en de très rares cas) j’ai besoin d’un silence quasi absolu. Je sais me montrer contemplative devant un lever de soleil, une Lune accrochée au ciel et qui offre un éclairage doux et apaisant sur le monde. Je regarde alors les herbes qui ondoient sous cet argent liquide, je m’émerveille des éclats roses et oranges des nuages, d’un bleu profond, de la transparence des vagues et de la douceur des galets qu’elles lèchent.
J’ai l’impression d’une respiration salvatrice dans un monde incroyablement pressé, d’un moment qui m’appartient, d’être en capacité de saisir ce cadeau « banal » qui échappe au commun des mortels. Je m’étonne de leur incapacité à le voir autrement que figé sur une carte postale, comme s’ils avaient besoin de l’œil d’un autre pour saisir ce qui s’offre si naturellement à eux.
J’aime ces entre-deux, ces lieux, ces temps et ces espaces qui figent le temps. Et là, je me tais. Respect d’un instant, d’une minute et plaisir d’ouvrir touts ses sens, de savoir qu’ensuite le quotidien reprend ses droits.
Aspiration à d’autres choses, à d’autres relations, à la capacité de pouvoir s’exprimer librement.
Naïveté.
N’empêche, y’a vraiment des jours où j’ai l’impression d’être arrivée en ce monde par hasard et surtout par erreur et je me demande bien ce que j’y fiche !
(Et pitié ne me dites pas de confronter ma lecture du monde à celle des autres, car à chaque fois que j’écoute autrui parler j’ai le détestable sentiment que je ne comprends rien à ce qui m’entoure et que je vis à des kilomètres ou des années-lumières des autres personnes qui m’entourent et que je ne comprends définitivement rien aux lois et au fonctionnement de notre société.)
Décalage.
Les poètes et autres conteurs, les artistes et les peintres vivent-ils également ces affres ? A quoi se raccrochent-ils alors ? (J’ai tapé trop vite et le « quoi » était un « qui ». Jolie réponse…)