Parce qu’il faut un début à tout…

J’ai longtemps hésité à démarrer ici un journal. Des journaux, j’en ai quelques uns, épars. Certains pour raconter mes rêves, d’autres mes cauchemars, parfois mes thérapies… Aucun n’a de prétention autre que de n’intéresser ma petite personne.
Ne vous étonnez donc pas si je ne commence pas par « alors je me suis découverte comme ça » / « il était une fois » / « il m’est arrivé un truc » (rayez la mention inutile).

Publier un journal sur un forum est une expérience attirante et rebutante, faite de ces contradictions complexes. Me livrer, brute, sans offrir de décryptage, d’explications ou de guides aux yeux d’autres éveillés. En voilà une drôle d’idée. Pourtant, à chaque venue sur le forum l’appel s’est fait plus fort. Passé la première réaction « Mais quelle drôle d’idée », j’ai ignoré délibérément cette section. Ce soir, pourtant, il est un de ces hasards de la vie qui n’en est pas, un de ces évènements qui encore une fois me laisse à genoux, faible, sans rien à quoi me raccrocher. Alors bon, tant qu’à choisir une catharsis, pourquoi pas celle-ci.

Je n’ai pas lu un seul autre journal publié ici. Trop égoïste, pas le temps, pas l’envie d’être influencée / touchée par le récit d’un autre. Là encore, les enchaînements restent complexes, libre à toi lecteur de me placer dans une catégorie.

Alors quoi ? C’est comme ça que je me raconte, que je parle de mes expériences éso, de ma vie spirituelle ? Bah oui, les mots viennent et je leur laisse libre court. Comme je n’oblige personne à les lire, ça n’a pas d’importance.
De toutes façons, je rejoins Terry Pratchett et Neil Gaiman pour dire que nous vivons dans un grand bazar spirituel, où chacun s’invente sa propre religion, faite de fragments pris ci et là, permettant d’être d’accord avec soi-même, de ne pas se placer face à ses contradictions et surtout, évolutive comme un Windows sans cesse remis à jour. Trop de bugs ? Bah, on change de version ! Plus d’accord, on formate un bon coup et hop ! Magie actuelle, on passe à Linux.
Sauf que j’en suis revenue de ces amalgames protéiformes. Nulle obligation, pas de contrôleur, pas de vraies bordures auxquelles se confronter alors au final, on avance pas. La belle affaire !

Esprit critique, curieux, adaptable, je suis l’assistante rêvée, toujours là où on l’attend pas, qui prend de belles initiatives. Ras le bol ! Maman qui s’observe, je me regarde vivre et comprends le besoin de limites au travers de ma progéniture. Bébé génial, enfant épanoui, éveillé, empathe, spirite, je lui souhaite moins d’incompréhension de la part de son entourage proche que celui auquel je me suis heurtée.
Et miroir déformant, je me retrouve. Pleine de projets, d’énergie, de motivation… Et pourtant si fatiguée, comme prise dans un hiatus gigantesque, avec pour seule envie de tout plaquer pour m’échapper dans des steppes balayées par des vents hurlants. Les femmes le savent, il est un temps pour tout. Celui-ci attendra, et pourtant il se fraye un drôle de chemin, plein de replis, de moments d’égarements, de rêveries éveillées… Disconnexions avec le réel, besoin de décrochage permanent. Besoin de liberté surtout.

Oui, tout est contradictions. Justement, la vie est un nuancier complexe, tout cohabite en même temps et dans le même espace. Refuge spirituel, montée dans l’éther.
Nous voilà arrivés dans le vif du sujet, où le bât blesse.
Un ami parcourra peut-être ces lignes et se dira « M’enfin, ça fait combien de temps que tu l’as déjà fait, ce constat ? » et plein de mansuétude, saura que c’est un des chemins choisis pour une amorce de retour à la pratique. Mais que têtue bornée, je prends parfois du temps, trop de temps pour faire les choses.

Femme droite, amie – presque – indéfectible, vive à la critique et en même temps réservée, refusant tout contact physique, fuyant les foules mais fascinée par les gares… Et paradoxalement en besoin constant de tendresse, de bras dans lesquels se réfugier, de moments sans parole, sans autre échange que celui des respirations qui se mêlent, chacune à son rythme sans qu’elles ne soient pour autant dissonantes.

Et à chaque fois, ces rappels. Rêves nocturnes, terreur des prémonitions, effroi des souvenirs. Tout s’entremêle pour ne former qu’un magmas aux angles saillants. Coïncidences vite oubliées par les uns, je suis particulièrement sensible à ces jonctions, ces signaux faibles, ces appels répétés. Viendra un moment, ce moment où je retournerai dans l’éther. Respiration apaisée, âme ressourcée, résonance du corps à l’expérience.
Ni date, ni obligation, je trouverai toujours un moyen de ne pas m’y plier. Ce temps viendra, il est déjà venu et se reproduira. Le quand importe peu, le seul fait de savoir que ceci aura lieu me calme et me rassure. Et comme un ancien alcoolique regarde une bouteille avec méfiance et tendresse, j’appréhende cet instant, tout en sachant que rien ne saura alors plus m’en détourner.

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