[28 : Trouver la ressource en soi]

Elle avait versé des torrents de larmes. Elle s’en était remise aux éléments, enlacée aux arbres, entremêlant ses pleurs à l’orage, laissant les vents furieux nettoyer sa colère, les pieds nus dans la poussière. Connexions. Elle était exsangue, vidée de tout, jusqu’à ne plus vraiment avancer que par automatismes…

Les scories restantes avaient été déposées, raclées vigoureusement par la Sororité qui parle Vrai.

Il ne restait plus qu’une béance, soulignée d’une crainte ancrée de retomber – encore – sur des manipulateurs. Elle avait cru évoluer en sécurité et avoir fait un grand ménage dans ses relations et pourtant ! Un avait été débusqué, encore… Douleur, émotions à vif, yoyos et repentir : rien ne lui était épargné. Évidemment, il lui faudrait clore avec son passé, contractualiser sans se laisser abuser, reposer les limites, ses limites et être juste pour tous, elle incluse. S’autoriser, se rappeler qu’elle aussi avait des droits – et pas seulement des devoirs !

Au beau milieu de ces tempêtes, nulle accalmie. Quelques heures partagées ci et là, des échanges nourriciers mais les semaines défilaient et elle devait s’en remettre à l’évidence : elle continuait à avoir besoin d’aide. Soit…

De petits éclats de compréhension aux pièces qui s’assemblaient pour former de grands ensembles, le puzzle se dessinait : elle avait fini par intégrer son Alchimiste intérieur. Elle l’avait rencontré sans même s’en rendre compte et l’avait contemplé avec énormément de méfiance. Mais nulle duplicité chez lui, nulle séduction non plus. Il ne connaissait pas la flatterie et ne savait manier le mensonge. Il l’observait franchement, à bonne distance. Il savait se glisser dans les paroles d’amis pour lui délivrer des clés (gratitude !) ou l’assurer de son soutien. Il était cette part de son masculin sacré, celui qui est juste. Il attendait qu’elle sorte de ses relations toxiques, qu’elle mette en ordre ses affaires et revienne arpenter le doux chemin de la tempérance. Il la voyait errer de suppositions en projections effrayées, trébucher sur les affres de son empathie à fleur de peau et se prendre les pieds dans son incompréhension des relations humaines. Il compatissait avec ce corps qui laissait passer les jours pour mieux se coucher seul, rassuré de ne plus devoir se conformer aux désirs extérieurs. Il aurait voulu la consoler parfois et il souriait de cette force qu’il la voyait tirer d’elle-même pour aller de l’avant, malgré tout.

Il ne brusquait rien, n’hésitant pas à s’écarter largement au moindre signe de malaise, évitant les tensions superflues. Il la savait fragile et démunie, malgré toutes ses lectures, ses outils et les soutiens. Il connaissait la valeur du temps, la nécessité absolue de la reconstruction, la recherche d’une identité pas encore éclose car si longtemps ensevelie sous des couches de conformismes et d’interdictions. Il gardait la chrysalide comme un trésor précieux, sans agir mais simplement en la couvant de son regard bienveillant, et ce quoi qu’elle exsude comme sucs amers et viciés.

Il la savait si farouche qu’elle ne lui avait même pas demandé son nom. Il s’en moquait bien. Il était, elle en avait enfin conscience, et cela lui suffisait. La rencontre aurait lieu en son temps, ils n’avaient besoin de rien d’autre. Alors elle pourrait s’appuyer sur lui et dans cette complétude l’absence n’existerait plus. Moment béni, dans cette vie ou une autre…

Entre temps elle devrait prendre grand soin d’elle, se reposer encore et construire sa résilience, son espace et se pardonner.

Patience…

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