[19 : Aux rythmes…]

Elle s’était laissée bercer. D’illusions, d’envies, par son ego. Tiraillée par les projections des autres, ligotée à des désirs qui ne lui appartenaient pas. Elle avançait, entravée et à bout de souffle.
Elle avait échoué. Là où elle savait appartenir, retrouver les siens, découvrir ses frères et sœurs d’âme, ces êtres aux émotions claires et hautes, à la densité plus forte que tous ces errants croisés au quotidien. Elle avait respiré, chanté, dansé et s’était montrée telle qu’elle était.
Émergence. Renaissance. Ressourcement.
Elle avait échangé, espéré, prié, demandé. Et pris soin d’elle pour mieux s’occuper des autres. Elle avait trouvé puis perdu le fil. Trié ses émotions. Mis au clair ses aspirations, demandé et avait reçu. Immédiatement, les signes étaient venus, forts et tangibles. Son rendez-vous avec le Destin était pris et avait lieu à l’instant. Sans négociation, sans renoncement, sans contrepartie. Elle avait remercié.
Elle avait accepté. Écouté, compatis, aidé et s’était sentie vivante et légitime. Rayonnante. Tout était beau, la chaleur, la poussière, la pluie et les frimas. Tout, même les tensions, tout lui avait paru avoir les couleurs de la Vie.
Elle avait médité, partagé et discuté de ces amis que l’on laisse (temporairement) en chemin car ils doivent avancer d’eux-même. Et lâché prise. Elle cherchait, elle trouvait et bénis soient ces répits !
En équilibre sur une note, elle avait entendu ses proches la rejoindre et s’accorder sur la partition. Elle n’avait rien formulé, la spontanéité avait émergé, là… Comme ça. Comme les histoires de Roal. Elle était heureuse, avait conservé au fond de son cœur cet élan pour s’en nourrir et y revenir puiser, se rappeler de la Source toujours présente. Elle aimait. Infiniment, totalement et absolument.

Le retour doux à l’autre réalité, la traversée des Voiles avait été une Transition amenant ses questions, mais elle l’avait accepté comme à l’aller il y avait eu ces indices, ces altérations du temps, ce tempo ralenti qui attendait l’accord avec patience. C’était juste. C’était.

Les temps avaient coulé. Avec leurs fluctuations, leurs tempos dissonants, leurs brutalités. Et le cortège de ses rêves-cauchemars qui s’incarnaient dans d’autres chairs, marquaient d’autres âmes. Impuissance, débordement d’incompréhension et totale compassion.
Restaient ces instants d’éternité, si précieux, volés à d’autres tâches si évidemment indispensables et impérieuses.
Drôle de vacance. Son esprit acceptait, son corps suivait comme il le pouvait, accélérant encore la transformation, impactant d’autant les modifications que lui-même réclamait. Écoute.

Le temps… Le temps n’existe pas, de toutes façons il s’évertuait à la fuir, alors elle avait choisi de l’ignorer. Il apposerait son sceau sur elle, témoignant de son insignifiance au regard des montagnes, des mondes et des étoiles. Elle acceptait avec humilité, car c’était ainsi. Et remerciait encore.

Elle attendait. Suspendue dans cet espace où rien ne bouge et tout évolue, oxymore qui provoquait tant de détachement en elle.
Elle l’attendait, elle les attendaient. Ils attendaient. Cœurs ouverts et prêts.
Incarnations.

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