Elle se disait parfois qu’elle ressemblait à une vieille radio qui capte par moment deux stations à la fois et dont les sonorités se mêlent, se superposent, s’entrecroisent sans logique. Restent les grésillements et un sacré mal de crâne, sans avoir pu vraiment suivre aucun des programmes.
Des voix, des images furtives, des conseils, des ondes résonnaient en elle, s’imposaient aux moments les plus inattendus. Ce qui au départ la distrayait l’amenait désormais à se demander dans quels mondes elle pouvait bien vivre. Âme errante, transparente, paradoxalement pleine d’une sagesse qu’elle dévoilait peu et prompte à dire n’importe quoi. Art de la feinte ou incapacité à s’adapter ?
Absence.
Elle continuait d’observer ses contemporains, de trouver des parallèles, des lignes logiques qui traversaient le temps, les temps. Elle vivait en suspension et dans l’attente d’un avenir qu’elle sentait trop proche pour ne pas basculer avec. Elle ne savait plus se divertir, mettre sa tête au repos. Même la plus banale des rêveries l’amenait aux confins d’univers qu’elle ressentait et pressentait plutôt qu’elle ne les connaissait. Pourtant, ce n’était pas faute de les avoir arpentés !
Elle croisait de plus en plus d’êtres à son image, conscients d’être en chemin et en transition. Pas toujours aussi perdus qu’elle, souvent bien plus assurés – en apparence ? – mais toujours bienveillants. Même quand c’était avec brutalité. Une leçon est une leçon, à l’élève de la comprendre.
Elle se sentait plus fréquemment qu’à son tour désespérée, fatiguée, blessée, incomprise. Malgré tout, elle avançait, vaille que vaille. Espérant seulement qu’elle lèverait la tête à temps pour voir les murs et ne pas se cogner à eux et rebondir comme une mouche folle contre une vitre.
Prémisses d’un parcours d’initiation ou simple fuite en avant ?