A la lisière des sorties, entre les foules raisonnées, les concerts et les visions inattendues, elle l’avait croisé. A plusieurs reprises. D’abord épuisé, puis confondu, retrouvé, grimé et aussi déguisé. Il était partout et nulle part, entre des mondes faits de limbes. Après quelques échanges toujours trop brefs, jamais si évidents, elle s’était sentie en terrain – presque – connu. Qui mieux qu’elle sait s’entourer d’intangible ?
De malentendus en communications entrecoupées de silences non intentionnels, elle avait fini par se faire inviter dans sa tanière. Inversion des rôles, drôles de coïncidences… Pour une jonction très claire. Ce fut à son tour d’arriver lessivée, tendue comme une corde après tant de nuits trop courtes, d’un mental qui n’en pouvait plus de l’éreinter de ses capacités à créer, projeter et inventer. En roue libre, littéralement sans frein d’ailleurs, elle avait opéré les réparations les plus urgentes pour échouer face à un autre archétype. Le Mat, en pleine nuit, n’avait pas joué son rôle. Ou plutôt : si, justement, et se fiant à son intuition elle n’avait rien attendu de lui. Parce qu’il en était ainsi, qu’elle s’assumait et se riait des chemins trop balisés. Bien lui en prit : il s’était éteint avec les dernières lueurs du jour…
Nichée au creux des montagnes, regardant un petit Univers s’éveiller, elle fut notifiée clairement des règles établies. Les neurones pas encore vraiment branchés, elle accepta avec reconnaissance cette rude entrée en matière, pleine de franchise. Sans faux-semblants, sans attentes : un simple constat, factuel au possible. Merci.
Entre véritable vagabonderie, accueil inconditionnel d’animaux heureux des soins reçus et quelques dessins, les échanges se multiplièrent. Mais que dire à Celui-qui-me-connait-déjà ? Quel besoin de paroles quand les évidences s’enchaînent, que les vies se ressemblent, que la maturité est présente ? Trouver les pépites, écouter les richesses glissées avec délicatesse dans les détails. Remercier. Se laisser surprendre encore, apprécier et goûter. Effleurer encore la Sororité, reconnaître sa présence et échanger secrets et regards. S’enlacer, par seul plaisir de ces instants où il n’y a ni rivalité, ni envie, ni besoin. Juste être.
Se poser, croiser les yeux du Bouddha et suivre son regard, de l’autre côté. Se laisser transpercer, poser un dernier point et repartir, descendre à la rencontre du héron. Écouter le clapotis du lac, sourire en voyant les enfants s’amuser et rire. S’enivrer de leur spontanéité, de leur tendresse et s’émouvoir de la rudesse qu’ils rencontrent en d’autres lieux. S’ouvrir encore, profiter du bain de Nature, de ses rythmes merveilleux et apaisants. Faire la paix, lâcher encore et encore… Laisser venir à soi tout ce qui est à nettoyer, à purifier et déposer. Sentir un morceau d’âme s’accrocher aux branches, se baigner dans la boue rouge d’argile, ressortir joyeux pour aller se poser à côté d’un drapeau haut perché et observer les âmes des lieux. Savoir qu’on y laisse quelque chose, une graine peut-être, des graines sûrement. Se demander si l’une ou des autres croîtront et ne pas s’en faire : il en est ainsi de la Vie, elle aime nous surprendre. Ce n’est qu’un des Possibles.
Remercier encore, pour ce moment « hors du temps », cette parenthèse pendant laquelle elle s’est sentie moins freak qu’à l’ordinaire, moins déplacée, moins étrangère… Alors qu’elle était à la croisée des mondes, entre 5 nationalités et plus de langues encore. Où cette tribu chatoyante échangeait avec simplicité et bienveillance, amusant les plus jeunes quand d’une barrière de la langue on se moque comme d’une guigne pour en faire un jeu. Voir en action comment la communication est d’une folle richesse. Écouter le témoignage de celui qui a retrouvé la Confiance après avoir vécu la trahison, entendre les dix années résonner et sonder son cœur pour vérifier qu’il est intact. Couturé, suturé et pourtant palpitant d’une telle sérénité, prêt à donner encore et encore.
Se laisser questionner. Répondre sans filtre et revoir encore son vis-à-vis apprécier à leur juste valeur les paroles échangées. Se sentir acceptée. Réjouissance et départ, savoir qu’une Famille aux mille couleurs est présente. Discrète, bien souvent en marge de tout mais là. Rentrer apaisée, reprendre le cours de sa vie actuelle et se rappeler qu’il y a un « après ». Mais que pour y parvenir, tout se joue dans le Présent.
Laisser filer les heures, reprendre le rythme, ouvrir ses pores pour mieux sentir l’humidité douce de l’automne s’installer. Apprécier la fraîcheur des matinées, flairer les notes et contourner encore la forêt. Entendre l’Appel résonner jusque dans ses tripes. Oui, encore. Parce qu’il est temps, que les visiteurs inconscients sont partis. Se moquer des chasseurs et aller s’ébrouer dans les feuillages, fouler les terres souples et caresser du bout des doigts les branches alanguies. Sentir la sève ralentir et écouter le petit peuple faire provision pour l’hiver. Voir à la lisière de son âme, ne pas chercher des yeux : tout se dévoile à qui sait faire preuve de patience. L’Appel donc, qui ne manque aucun moyen de se signaler.
Être surprise. Alors que la Nouvelle Lune clôt bien des chapitres, qu’un relâchement bienvenu enfin s’installe, avoir un signe. Le sentir si fort, si intensément. S’étonner. Ne percevoir qu’un doux amusement en écho. Et se retrouver dans la persistance… Encore lui, évidemment, lui. Le Mat lui avait fait écho de ses conseils, l’invitant à venir vivre une superbe expérience, déjà suggérée par l’Alchimiste. Sourire de ce que le Masculin Sacré est capable de déployer pour se faire entendre. Dans la répétition, lui aussi dessine des motifs et sait poser les points d’ancrages. Accepter la résonnance. Se retrouver bien enquiquinée quand même… Choisir d’en rire et de ne rien prendre trop au sérieux. Il y a d’autres choses à vivre auparavant, continuer de chérir sa quiétude et sa solitude (choisie et assumée) pour continuer de se rebâtir. Se retourner pour s’apercevoir du chemin parcouru, constater que les larmes sont désormais ponctuelles, que les éléments sont stables et que c’est avec naturel que reviennent les ami.e.s en quête de soutien, de conseils et d’écoute.
Retrouver sa place, se recentrer et se dire qu’à nouveau, il pourra être possible de rayonner. Pour soi, juste pour soi… Rebâtir son monde. Son immédiateté, pour cohabiter avec soi-même. S’avouer que c’est déjà quelque chose, vraiment !
Panser ses plaies (parce qu’il en reste) et reprendre ses aiguilles. Il est désormais temps d’avancer, point par point.
Elle avait versé des torrents de larmes. Elle s’en était remise aux éléments, enlacée aux arbres, entremêlant ses pleurs à l’orage, laissant les vents furieux nettoyer sa colère, les pieds nus dans la poussière. Connexions. Elle était exsangue, vidée de tout, jusqu’à ne plus vraiment avancer que par automatismes…
Les scories restantes avaient été déposées, raclées vigoureusement par la Sororité qui parle Vrai.
Il ne restait plus qu’une béance, soulignée d’une crainte ancrée de retomber – encore – sur des manipulateurs. Elle avait cru évoluer en sécurité et avoir fait un grand ménage dans ses relations et pourtant ! Un avait été débusqué, encore… Douleur, émotions à vif, yoyos et repentir : rien ne lui était épargné. Évidemment, il lui faudrait clore avec son passé, contractualiser sans se laisser abuser, reposer les limites, ses limites et être juste pour tous, elle incluse. S’autoriser, se rappeler qu’elle aussi avait des droits – et pas seulement des devoirs !
Au beau milieu de ces tempêtes, nulle accalmie. Quelques heures partagées ci et là, des échanges nourriciers mais les semaines défilaient et elle devait s’en remettre à l’évidence : elle continuait à avoir besoin d’aide. Soit…
De petits éclats de compréhension aux pièces qui s’assemblaient pour former de grands ensembles, le puzzle se dessinait : elle avait fini par intégrer son Alchimiste intérieur. Elle l’avait rencontré sans même s’en rendre compte et l’avait contemplé avec énormément de méfiance. Mais nulle duplicité chez lui, nulle séduction non plus. Il ne connaissait pas la flatterie et ne savait manier le mensonge. Il l’observait franchement, à bonne distance. Il savait se glisser dans les paroles d’amis pour lui délivrer des clés (gratitude !) ou l’assurer de son soutien. Il était cette part de son masculin sacré, celui qui est juste. Il attendait qu’elle sorte de ses relations toxiques, qu’elle mette en ordre ses affaires et revienne arpenter le doux chemin de la tempérance. Il la voyait errer de suppositions en projections effrayées, trébucher sur les affres de son empathie à fleur de peau et se prendre les pieds dans son incompréhension des relations humaines. Il compatissait avec ce corps qui laissait passer les jours pour mieux se coucher seul, rassuré de ne plus devoir se conformer aux désirs extérieurs. Il aurait voulu la consoler parfois et il souriait de cette force qu’il la voyait tirer d’elle-même pour aller de l’avant, malgré tout.
Il ne brusquait rien, n’hésitant pas à s’écarter largement au moindre signe de malaise, évitant les tensions superflues. Il la savait fragile et démunie, malgré toutes ses lectures, ses outils et les soutiens. Il connaissait la valeur du temps, la nécessité absolue de la reconstruction, la recherche d’une identité pas encore éclose car si longtemps ensevelie sous des couches de conformismes et d’interdictions. Il gardait la chrysalide comme un trésor précieux, sans agir mais simplement en la couvant de son regard bienveillant, et ce quoi qu’elle exsude comme sucs amers et viciés.
Il la savait si farouche qu’elle ne lui avait même pas demandé son nom. Il s’en moquait bien. Il était, elle en avait enfin conscience, et cela lui suffisait. La rencontre aurait lieu en son temps, ils n’avaient besoin de rien d’autre. Alors elle pourrait s’appuyer sur lui et dans cette complétude l’absence n’existerait plus. Moment béni, dans cette vie ou une autre…
Entre temps elle devrait prendre grand soin d’elle, se reposer encore et construire sa résilience, son espace et se pardonner.
Patience…
Elle avait capitulé. Poussée dans ses derniers retranchements, elle s’était rendue à l’évidence : il se jouait d’elle. Oh, il n’en était qu’à demi conscient, lui-même dans les affres d’un choix qu’il ne pouvait faire.
Une petite voix intérieure lui chuchota un secret. Comme elle ne s’exprimait quasiment jamais elle lui prêta d’autant plus d’attention : « Je ne suis pas un plan B ». Le silence se fit. Et elle accepta enfin de demander de l’aide. Ce fut l’enveloppement doux du féminin, la force compatissante et l’ancrage exceptionnel d’une soeurcière qui lui permit que les liens soient tranchés. Elle bascula avec Joie dans les limbes pour s’en relever épuisée, vidée et tout à fait heureuse. Sa gratitude ne pouvait se retranscrire en mots et son cœur chanta. Elle alla s’immerger dans la Nature et plaça une marque. Fait exceptionnel – avec l’accord des Gardiens des lieux sacrés. Elle vibrait d’être seule – enfin vraiment seule ! Sans illusion, sans se raccrocher à quiconque mais en présence d’elle-même. Et elle se trouva belle. Authentique. Pas encore rayonnante mais en chemin, assurément. Se fut remarqué et elle sourit de constater l’accueil du Masculin à Celle-qui-se-soigne. Avec respect et encouragement, distance Juste et bienveillance.
Qu’il était doux de retrouver son propre parfum !
Émanations certes, subtiles assurément mais il lui restait des rites à accomplir : en cela elle avait les outils et les appuis. Restait le moment exact, ce point de bascule qui s’annonçait… Ce ne serait pas pour demain mais elle sentait déjà la vibration de ce seuil et l’initiation à venir. Si elle dansait souvent avec son serpent, il lui fallait contenir son dragon. Son feu s’attisait facilement et elle se méfiait du brasier destructeur. Si elle prisait la spontanéité et avait tissé des attaches solides, elle n’était pour autant pas encore en mesure de le contenir. Or, il s’agissait d’une purification et pas d’une destruction. Renaître à soi, pas se consumer. Nuances, mais le diable se niche dans les détails et il n’était pas question de l’inviter à danser ! Nulle brèche ne pouvait exister, et donc une préparation minutieuse s’initiait, qui demandait de partir en quête de rites oubliés, d’aller interroger les mémoires et de décrypter ce qui devait l’être. Elle comprenait qu’il lui faudrait s’ancrer tout autant que s’encrer : le sceau est indélébile. Il n’y avait pas de retour arrière et il devrait s’assumer.
Inconditionnel soutien donc, avec en ligne de mire l’ouverture des possibilités et une nouvelle voie à arpenter. Elle balaya ses craintes et s’observa.
Le constat était amer et elle admit douloureusement sa pleine et entière responsabilité dans sa situation. Elle en observa les noeuds, en éprouva la solidité et plongea encore dans les méandres, suivant la tige de son lotus intérieur pour sonder les racines cachées dans la vase.
Elle remua les boues, explora à l’aveuglette les radicelles et continua son apnée. Secrets qui n’en étaient plus. Elle remonta à la surface et inspira à pleins poumons entre air pur et bulles des miasmes qui remontaient encore. Elle se sécha aux rayons du soleil, explorant son corps. Au détour d’une caresse, dans un repli jusqu’alors inexistant elle découvrit une trace d’avidité.
Combler le vide. Boucher les trous et surtout ne pas se rendre creuse. Voilà qui en disait long. Que de peurs, que d’angoisses et de projections. Quel miroir implacable face à son ego fanfaronnant ! Elle savait tout en se leurrant, elle se surmaternait en s’excusant de brutaliser son corps pour mieux calmer son esprit, sous couvert d’une séduction tentatrice mal maîtrisée… Il lui fallait réapprendre, reposer le cadre et s’y conformer. Pour avancer. Pour revenir à l’équilibre. Et pouvoir faire jouer la balance, car nulle justice ne serait exacte avec une tare faussée.
Prise de conscience, silences. Points.
Elle créait l’espace méditatif grâce à la répétition. Elle savourait ces moments intenses, hors du temps où elle s’accordait le droit de lâcher, pour ne plus suivre que le mouvement de sa respiration et se bercer dans le geste. Dans l’accord qui en résultait elle savait partir du blanc pour ne pas pouvoir imaginer le résultat. Noir, dans toute sa palette de nuances. Elle en ressortait toujours surprise, rarement déçue. Jamais satisfaite dans l’immédiat. Mais cela n’avait aucune espèce d’importance car rien de ses créations ne lui appartenait : ni le processus, ni le résultat.
Restait à d’accorder le temps et croire. Fort, absolument et se lancer. Point par point. Pas après pas. Battement après battement, au fil du Souffle qui nous relie. Cœur à cœur.
Elle prit son élan et initia le mouvement, sortant du creuset tout en sachant qu’elle y reviendrait bientôt – et s’en réjouissant.
Merci l’Alchimiste. Puisses-tu trouver cette acceptation en toi et parcourir les sentes qui t’appellent vraiment. Peut-être croiseront-elles de nouveau les miennes, ici ou dans une autre Vie.
Retour à l’instant présent : poser le point. Le premier ou le final, qu’importe ! Seule l’ivresse du chemin à parcourir compte désormais…
Ce grand classique est un pur régal qui se mérite…
Long à faire, il est pourtant incontournable et ensoleille la table à longueur d’année. Chaque famille a SA recette, voici la mienne, fruit d’essais variés et basée sur une trouvée sur un forum (dont j’ai perdu le lien, désolée) et qui était elle-même « la » recette qui se murmure de femme à femme dans les cuisines.
Faire tremper les pois chiches 24h dans de l’eau froide. Rincer, égoutter et mettre à cuire dans 1l d’eau froide avec le bicarbonate pendant 45mn minimum après ébullition, ne pas hésiter à poursuivre jusqu’à 90mn s’ils ne sont pas tendres.
Égoutter les pois chiches et conserver l’eau de cuisson.
Éplucher l’ail.
Dans un bol mixeur mettre tous les ingrédients et mixer jusqu’à obtenir une texture homogène. Puis rajouter petit à petit l’eau de cuisson pour arriver à la texture souhaitée.
Mettre dans un plat de service ou dans un grand pot qui ferme.
Hacher le persil et saupoudrer juste avant de servir.
Présenter avec de l’huile d’olive à côté et avec un bon pain.
L’eau de cuisson peut déborder facilement : le bicarbonate de sodium est farceur 😉
Vous pourrez utiliser le reste de cette eau pour faire une mousse au chocolat végane (le web regorge de belles recettes, amis à votre Google-fu !) ou en remplacement de blancs d’œufs dans n’importe quelle recette où ils sont montés en neige.
Avec des graines de sésame dessus, du cumin dedans ou encore une petite pincée de poivre, chacun y va de sa fantaisie.
Les plus pressés peuvent être tentés d’utiliser des pois chiches en boîte. Aucun souci, ça fonctionne aussi. Mais attention : une fois que vous aurez goûté cette recette-ci, vous aurez du mal à revenir en arrière !