En cette fin de cycle je regarde les enseignements qui se bousculent pour clôturer cette lune.
J’observe combien la précipitation fait le lit des déceptions. J’accueille et remercie : il est temps pour moi de ralentir, ralentir vraiment.
Et quand je le fais en conscience, l’Univers me rattrape dans ses bras et dissipe mes angoisses.
Gratitude
J’observe combien les énergies dispersées amènent le chaos et l’épuisement. J’accepte et je reviens à la planification simple : celle qui permet d’avancer à petits pas, de manière constante, pour mener à bien de longs et grands projets.
Gratitude
J’observe quand je me coupe de mes émotions et perds mon fil intérieur, oubliant d’arroser mon jardin intérieur. Je me pardonne et me console pour me recentrer, m’offrir de la tendresse et du temps. Alors je peux de nouveau inviter autrui à boire à ma source parce qu’elle déborde, sans me vider ni me priver de mes ressources personnelles.
Gratitude
J’observe quand je me suis dans l’écoute et combien je reçois de magnifiques partages, qui me font grandir. J’apprends, et bien souvent lors de paroles destinées à d’autres je suis enseignée et enrichie d’avoir su entendre en silence, sans même participer.
Gratitude
J’observe mon corps, ses besoins et envies. Je note que les saisons extérieures sont le reflet de celles plus intérieures, en lien avec des lâchers-prises et des prises de conscience fantastiques. Que le chemin me paraît beau alors !
Gratitude
J’ose les petits gestes, presque insignifiants et pourtant… Je garde des sources, je me connecte aux étoiles, j’apprends à m’incarner tout entière pour mieux pouvoir rêver et arpenter le tissage.
Gratitude à celles et ceux qui ont balisé les chemins et guident
Je sublime les apprentissages, refusant de quitter une relation / d’enterrer un événement sans d’abord avoir compris ce que j’avais à trouver dedans…
… et tous me ramènent à l’Amour.
Gratitude
Je comprends enfin l’importance d’avancer en duo, du subtil équilibre qui se crée grâce à l’implication de nos polarités respectives et je rends grâce d’avoir un compagnon sensible et réceptif à l’enseignement des 13 Mères.
Gratitude
Les 13 Mères Originelles : La Femme du Soleil Couchant
« Elle fut tirée de ses pensées par le Morse, venu patauger sur la plage en dessous, qui se mit à mugir un salut. La Femme du Soleil Couchant éclata de rire : elle venait juste de se rappeler elle-même à l’ordre pour qu’aucune négativité ne se glisse dans ses pensées concernant le futur. Le Morse est l’Animal dont l’enseignement rappelle aux humains les cycles et les changements de la vie. Cet animal aux longues défenses apporte la Médecine de modifier ses actes et ses sentiments pour être en interaction avec les transformations offertes par la vie. La Mère de Clan comprit : il fallait à présent qu’elle garde les yeux sur le but, et pas sur les rebellions des Humains. Leur croissance serait faite de tâtonnements. Mais tôt ou tard, tous les humains à Deux-Jambes chercheraient à comprendre leurs sentiments et trouveraient la Caverne de l’Ourse. »
(Texte initialement rédigé pour la Revue Rêve de Femmes en vue d’une parution en été 2019.)
Il m’a fallu du temps… Pour comprendre qu’aimer se recueillir dans la Nature, cueillir et sécher ses herbes, en connaître les vertus et usages, aller s’échapper les soirs de Pleine Lune mais aussi ceux tout noirs de la Nouvelle Lune et faire brûler des bougies en des lieux bien particuliers ne fait pas de moi un être « bizarre ».
Il m’a fallu accepter… Que cette voie se vit bien souvent de manière très solitaire. Qu’elle fait partie intégrante de moi, que je m’aime et me respecte ainsi. Qu’aux pieds des arbres je me sente appelée, que certaines roches invitent à s’y déposer pour mieux se décharger de toutes ses peines. Que quelques-unes d’entre elles sont de fabuleuses portes d’entrée et que d’autres de vrais coffres-forts à secrets. Que les gardiens sont là et se manifestent pour qui ouvre son cœur et laisse parler son âme.
Il m’a fallu chercher… Errant pieds nus pour être en connexion complète avec le sol, ses aspérités et ses habitants afin de trouver des espaces refuges. Et sentir le lien si puissant qui m’y a reliée. Ces lieux appellent et réclament : des soins, de l’attention, des offrandes ou simplement de la présence. Ils vibrent fort, si fort !
Les forêts murmurent et de petit peuple se réjouit que nous sortions enfin de notre amnésie. Ils nous accueillent et nous soignent, nous guérissent. A nous qui les redécouvrons, ils nous couvrent de cadeaux et de bénédictions.
Quelle joie ! Quel honneur également de sentir les élémentaux, les dévas et tous les esprits ! Quelles responsabilités aussi. De leur transmission, de leurs rappels naissent de nouvelles formules autant que ressurgissent d’anciennes mémoires. Gratitude.
De sorcière assumée parcourant les contrées avoisinantes de jour comme de nuit dans ses quêtes mystiques instinctives à la femme active, maman, sœur et amante il y a parfois un sentiment de hiatus. Et pourtant la magie est présente à chaque instant et dans chaque souffle, chaque respiration. Dans la moindre intention posée, dès qu’un repas se prépare, qu’une tisane infuse ou qu’un échange avec autrui s’instaure. Les mots sont pesés (ils ont de la valeur et une vibration unique), les actes sont réfléchis et les réalisations viennent du cœur.
C’est quand je déroge à ces préceptes de vie que je sens le décalage. C’est lorsque je perds cette authenticité, celle qui émane de moi, qui attire autant qu’elle repousse selon la sensibilité de chacun, que les erreurs adviennent. Je perds alors cette joie, cette lumière que de plus en plus de mes interlocuteurs me signalent ressentir.
Aujourd’hui je suis sorcière, qualifiée ainsi par mes ami.e.s et proches : celle qui communie avec ce qui fait vibrer son âme, celle qui se sent intimement connectée à la Nature, celle qui a compris que la dévotion, le silence et l’écoute teintent sa Vie d’une saveur unique et lui permettent de rayonner. Celle qui accorde ses actes avec ses valeurs. Celle qui sait dire non pour se respecter. Celle qui offre sans attendre de retour, qui prête attention aux cycles – les siens comme ceux des autres et ceux de la Nature – , celle qui aime et recherche la solitude.
De cet équilibre subtil dont je détiens les clés, naît un sentiment de maîtrise du temps. Et même plus, d’être bien souvent « hors du temps ». Préciosité de ces moments, de leurs textures et de leurs leçons.
Être sorcière ce serait donc être Soi. Tout simplement. Écouter ce que notre cœur a à nous dire. Et suivre ses chuchotements. Aller là où nous nous sentons bien, où nous sommes en sécurité, heureuses d’être avec nous-m’aime.
Être sorcière ce serait aussi savoir écouter. Dans la Sororité entendre celle-qui-est-affligée et qui raconte sa peine tandis que nous repiquons les salades sous le soleil printanier et lui offrir ce temps d’écoute. Lui sourire, les yeux dans les yeux et la remercier de sa compagnie. La voir sourire en retour et se réjouir d’avoir pu déposer son fardeau.
Être sorcière ce serait savoir appeler. Incanter, lancer l’intention et lâcher prise. Attendre. Attendre car cela est juste, que les temporalités s’accordent. Ce serait savoir reconnaître cette âme par nous appelée et l’accueillir comme il se doit. Respecter son rythme, se réjouir de la rencontre et savoir la laisser repartir. Ce serait ressentir ces espaces, les ménager et les préserver pour que celles et ceux qui viennent à nous puissent se ressourcer. Ce serait leur accorder un espace de refuge, une cohabitation joyeuse où ils puissent recharger leurs batteries, trouver la réponse à une question ou encore simplement respirer. Sans durée, sans condition autre que le respect mutuel et les partages.
Être sorcière aujourd’hui ce n’est pas simplement allumer bougies et encens, c’est savoir assembler les pommes de pin pour improviser un mandala en remerciement à un arbre qui nous aura soignée, écoutée, réconfortée… Ou simplement ombragée le temps d’une lecture.
Être sorcière ce sont également ces moments formidables d’échanges avec nos soeurcières, celles qui nous reconnaissent et avec lesquelles il est si bon de se retrouver ! Chemins parallèles, sentiers qui se croisent, se défont au rythme des Lunes et aléas de la Vie puis se retrouvent inopinément (sourire : mais le Hasard existe-t-il vraiment ?) pour d’intenses partages.
Être sorcière c’est prendre soin du Vivant. En cela nous commençons par nous-même et avons conscience de la portée de chacun de nos choix.
Être sorcière ressemble à être alignée. Ainsi, nettoyer sa maison, préparer un gâteau ou réciter un Mantra sont des actes tout à la fois anodins et pourtant si importants. C’est parce que nous le savons que l’espace où nous nous situons est si accueillant.
Être sorcière c’est tout cela et encore bien plus à la fois ! Parce que chacune d’entre nous a le pouvoir et la responsabilité de sa Vie. Cette découverte prend des années, demande à chacune d’interroger son cœur et de faire simplement, avec ses moyens et possibilités.
Être Sorcière est en définitive être/(re)naître Femme : une Femme pleinement incarnée.
En cette fin de cycle je ressens combien cette Mère travaille en silence.
Son Art d’assister autrui, de la naissance à la mort (ces deux extrémités de la Vie si intimement liées), de guérir avec les plantes me semble être une charge exactement matrilinéaire.
Oscillant entre patience, attente raisonnée et observation juste, elle pourvoit aux besoins de ses consultant.e.s comme aux siens. Même si ces derniers ne sont pas nommés ni figés, que les rituels décrits le sont pour et en présence d’autrui, cette gardienne des seuils prend grand soin d’elle-même… y compris au travers des dons qui lui sont offerts.
J’observe son accompagnement et je reçois ses enseignements avec humilité : l’emploi parcimonieux des mots (au juste moment, en nombre compté), les temps de repos que l’on se doit par amour de Soi (après nombre de déboires cet été, je finis clouée au lit par une sciatique : ok ok ! Je rends les armes et je ne bouge *vraiment* plus le temps de récupérer sur tous les plans). J’apprends à accepter l’aide et le soutien de tiers comme autant de preuves d’amour, sans attente de recevoir en retour (et donc de devoir rendre).
J’apprends encore à écouter le chant de mon coeur : celui qui m’intime de bifurquer et de me mettre à mon propre service – avant de vouloir servir les autres – pour que ma coupe déborde et que je puisse offrir sans manquer.
Je me rappelle les veillées avec la Grand Mère, médecine exigeante mais si pleine d’amour pourtant derrière son poing de fer. Et ses leçons, celles que j’ai ramenées mais pas encore appliquées : « il suffit mon enfant, il est temps maintenant ! ». Présence intemporelle, Celle qui Veille sur toutes les lignées avec rigueur, une autre des multiples facettes (selon ma compréhension du moment) de Celle qui protège tout ce qui vient servir la vérité, en lui permettant de persister.
J’honore mon corps, qui réclame son dû, en lui servant tous ces remèdes que je suis si prompte à offrir aux autres. Je le remercie, véhicule parfait en cette marche terrestre, de me ramener à l’essentiel. Je suis en grâce de supporter la douleur avec une telle tolérance. Je la bénis de me permettre ce recentrage salutaire.
Et je salue ces hommes (guerriers contemporains aux cœurs apaisés) de me soutenir pour m’offrir ce moment non borné, si essentiel et propice à la suite. En plein questionnement sur mon incarnation pour trouver comment la réaliser pleinement, c’est un cadeau inestimable
« Ce petit Sac du Cordon Ombilical appartiendrait au bébé qui venait de naître et serait pour elle un rappel constant de sa connexion physique avec la Terre Mère et de sa connexion spirituelle avec le Père Ciel. Aucun des Enfants de la Terre n’avait à redouter de se sentir seul ou orphelin s’il portaient contre leur cœur leur cordon ombilical : ils comprenaient que le cordon physique était remplacé par un cordon spirituel qui les garderaient en connexion avec leurs véritables Père et Mère, aussi longtemps qu’ils chemineraient sur la Terre. »
Gratitude pour cette piste et ce magnifique rite, lequel me conforte dans mon envie d’apprendre le massage du nombril. C’est un signe puissant que je reçois comme un encouragement et une incitation à poursuivre sur les voies riches du massage (déjà bien engagées depuis cet hiver).
Cadeau des vacances pour une Pleine Lune avec Celle qui Aime toutes choses.
Gratitude
Magnifiques célébrations à vous mes sœurs.