Récit d’un fabuleux voyage au tambour.
J’étais dans une prairie, sous un arbre, pleine de tristesse alors je l’ai enlacé. Ce magnifique poirier, tout noueux, dont le tronc est si grand que je ne peux en faire le tour de mes bras. J’ai collé ma joue contre son écorce, posé mes pied nus sur ses grosses racines qui affleurent la terre et j’ai lâché. Il m’a murmuré de faire le tour et là, j’ai vu l’escalier dans son tronc. En l’empruntant il s’est transmué, devenant comme blanc translucide. Le feuillage est devenu évanescent et je l’ai traversé sans même le sentir. Sous mes voûtes plantaires tout était très doux, à peine perceptible. Je me suis sentie légère et appelée à monter là-haut, vers les nuages.Arrivée à leur hauteur, ils formaient comme un tapis floconneux solide et moelleux, et de gros cumulus blancs étaient posés tout le long, formant comme un sentier invitant à le parcourir. J’ai avancé et derrière certains j’ai vu des têtes immenses bouger… Des yeux me regardaient, des pattes avant, posées nonchalamment, indiquaient des dragons allongés chacun dans une niche intime. Des… Des dragons !!! Quelle joie ! Quel privilège et quel honneur ! Des dragons ! Dans l’une des niches, sur ma droite, il y avait ce couple de « petits » dragons blancs. Des dragons des nuages ! Leurs écailles soyeuses, leurs grands yeux, tout m’attirait. C’est en totale confiance que je me suis approchée d’eux et qu’ils m’ont acceptée. Après un temps en présence l’un des deux m’a invitée à prendre place à la base de son cou. Je suis montée à califourchon et ils ont immédiatement démarré. Leur envol a été puissant et ils se sont éloignés, surplombant la Terre depuis des hauteurs qui m’étaient inimaginables !
Leur vol était fait de jeux, ils enchaînaient les loopings, heureux de s’entrelacer et de se frôler dans une danse facétieuse, me communiquant leurs sourires face à mes craintes – qui s’effacèrent aussitôt.
Nous avons été à la rencontre d’un dragon des tempêtes. Il s’ébattait dans les éclairs d’un orage déchaîné. En nous apercevant il a quitté l’ombre des nuages noirs et lourds, dévoilant des couleurs absolument somptueuses !!! Ses bleus très foncés miroitaient, parcourus de très fines zébrures d’or et d’orange… Mais ce dragon-là, aussi impressionnant et majestueux fut-il, n’était rien face à celui auquel il nous mena. A quelques battements d’ailes il y avait un énorme cratère fumant. Un volcan en activité, nimbé de fumerolles et entouré des nuages ténébreux. Tout autour il y avait de l’eau, ça ressemblait à l’Etna avec un contour différent, plus de mer autour… Il était comme au cœur de la tempête. J’en avais le souffle coupé, et ce n’était encore rien… Subitement, une coulée de lave accompagnée de gros bouillons arriva. Du cratère se mirent à jaillir des pierres enflammées, des jets de lave et… La tête, le cou et le haut du corps de son habitant. Ses rouges, ses carmins, ses vermillons semblaient se fondre avec les nuances de la lave.Quand à ses ailes, elles avaient le bout noir d’un magma figé – ainsi que son aspect rocailleux et pourtant très doux malgré ses lacérations et découpes.
Il nous a vu et a craché dans notre direction. Il était tellement plus grand que les petits dragons blancs qui me portaient ! Et celui de la tempête ne s’en approchait pas, conservant une grande distance. Alors le dragon de feu a jailli tout entier et il est venu sinuer autour de nous. Le petit blanc qui ne me portait pas s’est mis en vol stationnaire au-dessus de moi, me protégeant de son corps, tandis que les deux géants nous tournaient autour et semblaient mimer un combat, réalisant une danse complexe aux motifs insaisissables mais qui générait une énergie considérable. Les deux petits blancs s’en moquaient, s’amusant d’être pris dans la tourmente puis de s’en extraire en quelques battements, se glissant grâce à leur petite taille et leur rapidité dans les courants générés par leurs « grands frères » et s’en jouant.Il ne fallut que quelques battements de cœur pour nous retrouver au-dessus de la mer ou d’un océan. L’étendue d’eau m’était impressionnante mais je n’aurai su dire. Peu importe, les deux dragons ont joué à sa surface, s’amusant de fendre les eaux et de faire clapoter les vagues contre les écailles de leurs ventres. Puis ils ont remonté avant de fondre en piqué dans la masse d’eau. Je n’ai même pas pris de respiration : c’était parfaitement inutile, évidemment… Le calme, la sérénité après les feux et le vent… Cette masse, cette matière qu’est l’eau : que c’était bon ! Ni chaude, ni froide, juste à nous entourer et nous faire comme un cocon glissant et protecteur. Nous nous mouvions sans problème. Nous avons été sur de longues distances, jusqu’à croiser une baleine. C’est une Grand Mère, une Vénérable. Je l’ai reconnue (je l’ai déjà rencontrée lors d’un précédent voyage). Elle aussi. Nous avons souri de ces retrouvailles et les dragons ont fait le tour d’elle deux fois, toujours jouant et pétillant de joie. Elle semblait apprécier que nous prenions la mesure de sa taille. Car elle était bien plus grande que ma monture ! Nous sommes repartis en direction d’un pôle, toujours dans l’eau. Nous sommes ressortis et restés proches de la surface une fois les premiers icebergs croisés. Nous avons aperçu des morses, posés là tranquillement. Et en-dessous de nous des orques étaient là : tout une famille ! Quelques uns ont fait des bonds hors de l’eau pour nous saluer.Les dragons des glaces semblaient figés dans la matière. Pourtant, pris là dans les immenses blocs blancs et bleus translucides, nous les avons vus se mouvoir avec une lenteur incroyable. Leurs évolutions saluaient notre venue. Ils nous accueillaient, faisant parfois craquer la glace en la frôlant de trop près. De longues fentes se formaient alors. Ils ont une énergie si particulière… Après des survols amusés, nous sommes repartis. Cette fois-ci, mes compagnons de voyage ont recommencé à se tourner autour et dessiner des spirales très rapides. Nous avons vu des dragons des vents, aux flancs gris, agiles et véloces, s’amuser avec nous et réaliser quelques circonvolutions tandis que le couple blanc continuait de former ses spirales ascendantes, tourbillonnant avec une grâce élégante, sans que jamais leurs ailes ne s’emmêlent. Ils démontraient ainsi une complicité et une grande maîtrise résultant de milliers d’heures passées en vol ensemble. Leur joie allait croissante, comme nourrie de leurs acrobaties aériennes. Nous sommes montés encore et encore, jusqu’à atteindre presque la Lune. Je me suis retournée pour voir la Terre, notre planète, entourée de gigantesques dragons. Leurs écailles reflètent les étoiles autant qu’elles en contiennent. C’est un spectacle absolument incroyable et d’une beauté que je ne saurai restituer avec des mots. Je ne saurai pas non plus le dessiner tellement c’est bluffant. Ils sont là, protecteurs, générant des champs d’énergie de dingues ! Et emplis d’un Amour… Ils nous aiment, ils aiment notre planète et ils veillent sur elle comme sur leurs œufs : avec une volonté et une jalousie incommensurables.Nous sommes allés plus loin encore, sans que jamais je n’ai la peur du retour. Les petits dragons s’amusaient comme des fous de me montrer le macrocosme. Ils lisent les constellations comme des cartes, ils en comprennent les moindres détails… C’est fou.Le retour a été fulgurant : les petits dragons blancs se sont littéralement jetés entre la masse gigantesque de deux dragons Gardiens, comme dans le chas d’une aiguille. Et nous sommes redescendus, arrivant dans un désert. Les dunes de sable brûlant ont eu tôt fait de se mettre en mouvement, révélant des dragons minces et longs, sans cesse en mouvement, faisant crisser les grains de sable et s’amusant parfois à jaillir pour en faire pleuvoir sur nous. Là encore, il y a eu comme une course/danse entre les petits blancs et ces dragons d’ocre et d’or. Leurs longues moustaches leur donnaient un aspect un peu chinois, c’était amusant et surprenant à la fois.Je n’ai eu que le temps de me demander s’il existait des dragons violets pour me retrouver à glisser – toujours sur le dos du petit blanc – à toute vitesse dans le boyau d’une mine. J’y ai croisé un dragon de Terre, un Seigneur d’Améthyste. Le bout de ses écailles est d’un violet étincelant, tandis que plus près de son corps les marrons sont presque noirs par endroits, et rouges comme les terres argileuses d’Afrique. Ce qui m’a le plus marqué c’est son regard. Ce dragon-là est d’une taille que l’on parvient mal à se représenter. Et il est vif, capable de provoquer un tremblement de terre simplement en s’ébrouant. Ce pouvoir il le connait et il en rayonne. Sa fierté est forte. Nous avons quitté la mine et j’ai été ramenée dans les nuages. Là, j’ai vécu un moment d’une tendresse incroyable, ma tête lovée contre la joue de ma monture. Nous avons communié dans l’amour le plus total. Puis il a été temps pour moi de partir et comme je refusai, le petit dragon blanc s’est amusé à tracer une croix dans son sol nuageux du bout de la griffe et un trou s’est formé. Il m’a entourée de sa patte avec amusement et tendresse et m’a poussée. Je suis tombée, longtemps. J’ai atterris dans une forêt verdoyante et fournie, en écartant les bras comme pour faire un vol plané et un écureuil volant s’est laissé porter en même temps que moi, parcourant la même distance en me fixant de son œil amusé. Nous avons posé nos pieds et pattes dans l’herbe, là juste devant… Ma tente ! Celle dans laquelle ma fille et moi avions campé une année sur les bords du cratère de cet ancien volcan devenu un lac. L’écureuil m’a fait un clin d’œil et m’a montré le paquet de bonbons au miel dans lequel nous sommes allés piocher ! (Et oui, ceci nous est bien arrivé : un écureuil gourmand avait attaqué un paquet de bonbons un matin, alors que le jour se levait à peine le crissement du plastique m’avait réveillée et je l’avais vu filer.)
A un moment, dans l’exploration précédente avec les dragons mais sans que je sache la replacer exactement, les dragons et moi sommes devenus tout petits et nous avons tourbillonné autour de mon corps. Puis sommes devenus encore plus petits et nous sommes entrés dedans. Le microcosme ! Celui de mon corps !! Nous avons parcouru mes veines comme autant de toboggans, nous nous sommes amusés à relier mes organes (en partant du cœur) en laissant comme un long fil blanc entre tous dans notre sillage, nous avons été voir tous les espaces malades ou en souffrance et il y a eu comme une guérison, un soin micro-ciblé pour chacun, tout en conservant un équilibre incroyable avec la totalité du corps. C’était magnifique. J’ai parcouru mon propre corps, mes tissus, mes cellules et tout a été littéralement baigné d’amour, recousu, recalibré, nettoyé, guéri… Je ne sais comment le dire. Mais j’ai vécu quelque chose d’incroyable et de tellement fort qu’en te l’écrivant j’en ai des frissons partout. Et je ressens presque de nouveau les chemins empruntés !Nous sommes ressortis (comme nous sommes entrés : par mon vagin) et nous avons continué à tisser des entrelacs de fil blanc tout autour de moi. J’étais emmaillotée de ces lacets d’amour pulsant, géante prise dans une gangue bienvenue et je me suis contemplée ainsi, heureuse, rayonnant d’une forme de plénitude avant que mes deux guides ne nous amènent ailleurs en deux battements d’ailes puissants.Ce qu’ils m’ont aussi montré, après ça mais je ne sais pas quand, c’est que tous les êtres de notre Planète sont reliés. Là, au milieu de la forêt, chacun de leur cœur s’est illuminé d’un point blanc, ils ont tous pulsé et le trait blanc nous a tous réunis ! Ce maillage ! Cette beauté… J’en suis encore bouleversée – le « savoir » c’est une chose, mais le voir, si seulement je pouvais partager cette image avec toi telle qu’elle m’est apparue…
J’ai également visité le noyau de la Terre et plusieurs de ses couches, mais sans la guidance des deux blancs.(Un peu après l’épisode de l’écureuil je crois, mais sans pouvoir situer la transition.) J’ai pu observer tout à loisir le couple magnétique qui dessine continuellement une spirale qui évoque un yin yang, là juste au cœur de notre Planète. Leur conscience, c’est fou ! L’effleurer, juste ça, mais quel honneur !!! Leur taille est sans équivalent, ils ne sont pas soumis aux mêmes lois que nous… Ils font écho aux Gardiens cosmiques mais ils sont seuls et complétude tout à la fois. C’est intransmissible… Puis d’autres, comme de gigantesques vers, sont également en rotation dans les différentes couches terrestres. Et ils n’en sortent pas, ils sont conscients de leurs rôles. J’ai pu traverser les différentes strates, les apercevoir et aller jusqu’à ceux qui sont juste sous nos pieds (et j’en connais certains – oh ! très peu évidemment – mais tu ne peux imaginer comme je me sens honorée de ces rencontres. Et le vivre ainsi… Mais quel cadeau !).
Retour dans la forêt. […] Puis qu’il a été question de repartir, ce qui s’est fait sans peine puisque sur le sentier – et alors que la nuit commençait à tomber – l’entrée d’une grotte s’est dessinée. Je l’ai empruntée et suis arrivée directement sur la colline de départ. J’ai descendu le sentier, baigné mes pieds et suis allée jusqu’au poirier. Mais tout le long, dans les abords des bois il y avait du mouvement. Des dragons, plein de joyeux dragons ! Ces Seigneurs se sont invités et il y en a un qui habite le poirier. D’autres jouent dans les herbes hautes et en levant la tête il y a désormais… Des nuages d’un blanc floconneux dans mon joli ciel habituellement d’un bleu intense et totalement dégagé ! Et sous ces cumulus, deux fins dragons blancs ont esquissé un ballet faits d’entrelacs délicats, dessinant une dentelle fine… J’ai souri, le cœur rayonnant de joie et d’amour et là, descendant d’une branche située au-dessus de ma tête, la tête d’un dragon vert pendu à l’envers !
Elle continuait son chemin. Elle se savait fragile mais elle avait ouvert grand, très grand. Elle avait demandé et reçu… L’Univers avant répondu : à qui sait demander il offre. A qui sait remercier, il donne. C’est illimité. Mais qui a la capacité de recevoir autant ?
Au temps… Quelle leçon. Elle avait donc vu. Et plus : touché, ressenti et senti, goûté, partagé. L’ouverture était là, juste devant, à quelques encâblures.
Comme c’était beau ! Doux, bon, tendre et plein de tant de promesses…
Et la réalité s’était replacée. Elle avait repris ses droits, les contingences revenues au premier plan. Alors sa perception s’était brouillée. Encore. Les larmes revenues, le chagrin sans fond, la peine abyssale, celle qui cloue au sol, qui exige sa place et son espace. Elle avait laissé les torrents ravager ses rives, encore. Elle avait accepté que la leçon n’était pas encore intégrée. Qu’il lui fallait de l’aide. Elle avait ouvert son intuition en grand. Après avoir vécu la plus belle des intégrations et des révélations dont elle ne revenait pas encore, au rythme d’un tambour aimé, elle devait redescendre sur Terre. Traverser les voiles des mondes était d’une facilité déconcertante mais se conciliait mal avec le quotidien et sa réalité actuelle. Elle avait cette chance inestimable d’avoir des ami.e.s en or. De pouvoir s’appuyer sur leurs regards croisés, leur gentillesse et disponibilité. Pour une fois, elle prit la mesure de tout ce qui l’avait portée depuis des mois. Elle ne savait comment remercier et comprenait que de toute façon, il n’était pas temps.
Elle y revenait. Au temps. Au temps pour soi. Elle se fit le cadeau d’un soin. D’une découverte. Le trajet joyeux contrastait avec les périodes précédentes et ce qu’elle traversait. Mais comment expliquer combien certaines rencontres peuvent nous bouleverser. Combien un seul grain de sable peut parfois apporter le plus grand des changements ? Quel cadeau il peut être ?
Elle s’était offert une rencontre. Un partage immense. Elle avait été purifiée et guérie par l’Amour des Dragons des Nuées. Elle était portée dans son nettoyage par la mise en lumière d’un Dragon de Feu. Et elle fut reconnue et soignée par un Ange. Oh ! Cela relaté ainsi peut sembler bien mièvre. Mais il n’en est rien : la leçon est ardue, son intégration demande un lâcher-prise, une humilité et une acceptation totale. C’est le prix à payer pour avancer. Encore.
Retour au temps. A celui qui passe, qui file, que l’on peut trouver si long comme tellement court. Elle faisait l’expérience de sa perte totale. Son ancrage mis à mal, elle était de nouveau perdue dans ses flux. Ce qu’elle sentait, ce qu’elle percevait, ce qu’elle voyait et vivait se confondait avec la trame réelle. Enfin réelle, celle du temps immédiat. Celle du moment présent. Et dans ce présent-là, il n’y avait pas la place – pas encore – pour les potentialités entrevues. Son Cœur s’affolait. Se rebellait complètement. L’esprit n’avait plus de prise, elle décrocha. Pour mieux revisiter ses ombres, revenir aux techniques d’auto-sabotage, se replier. Réflexe de survie, contention de la douleur. Refuser l’extérieur, qui peut être si beau mais tellement inconstant. Retour aux tourments intérieurs : eux si connus et en un sens, presque rassurants dans leur familiarité. Évidemment, projeter et égratigner en face, pour vérifier la solidité du mur. Le Masculin ne la rata pas. Évidemment. Demander une relation pour grandir, se transformer, évoluer c’est une chose. En éprouver la véracité dans toutes ses facettes en est une autre. Et commencer en se noyant littéralement dans sa douceur une si belle entrée en matière. Continuer en explorant la douleur est son revers. Quelle médaille !
Déposer les armes.
Encore. Et recevoir une infinie compréhension là où elle ne voulait encore une fois que fuir. Voir s’ouvrir en face une bienveillance, s’illustrer quasi immédiatement des propos entendus quelques heures auparavant et à une provocation recevoir en réponse de l’Amour la décontenança bien plus encore. Alors demande oui, petite sorcière en chemin, arpente et demande. Les rappels sont là, les garde-fous aussi : ils te permettent de vivre et de traverser les expériences en sécurité. Oh oui, avec les tourments associés. C’est ainsi, triplement cornée : tu as besoin de la confrontation et de la répétition. Soit. Les apprentissages s’accélèrent et dans cette phase d’ouverture en conscience le temps et l’espace se doublent du confort matériel tout juste équilibré pour les vivre en profondeur.
Pour cela elle remercia. La tête au ras du sol, dans des tourbillons de fumée d’offrandes toutes symboliques. Elle avançait. Cahin-caha. Entourée, aimée et confiante. Mais tellement perdue entre les mondes…
« Il n’y a pas de raccourci vers Nous. »
Non, à commencer par celui de faire l’impasse sur sa propre unification de prime abord. Ni sur les nettoyages à réaliser au préalable. Parce que « nous c’est soi » (chacun piochera dedans).
Retour à ses seuls pieds nus. Fouler le sol, reprendre conscience de son corps, ses limites, l’habiter. Retour en solitude, terres connues mais pour autant pas encore assez arpentées. Retour à la créativité, à la construction de son socle, encore bien trop fragile. Retour aux priorités, à la transmission, à l’ouverture à ce qui s’ouvre et se dessine. Aux partages, à l’amitié et aux belles équipées.
« Le Temps n’existe pas. » En effet, leur multiplicité est une figure complexe dans laquelle il est facile de se noyer. Immersion. En soi, en soin, dans les soins (à recevoir comme à donner – le message est intégré). Retour à ses racines. En ce Printemps où Paris brûle (elle est loin d’être la seule) les scories accompagnent parfois les pollens flottant dans les vents. Se laisser porter et arrêter de vouloir aller plus vite que la musique. Vraiment. Et se rappeler que chacun a la sienne. S’accorder. Le droit au répit, le droit à soi. Soi-même et soi-m’aime. Continuer.
Et vérifier qu’à un prochain croisement des chemins les rythmes s’accorderont… Peut-être. Et si pas, sourire à la vue d’un raccourci qui n’est qu’un leurre, encore une fois.
Intégration. Intégrations. La Reconnexion n’est plus si loin… Les Mondes demandent à se relier, mais encore faut-il avoir les compétences et la stabilité pour le leur permettre.
Sourire de l’Alchimiste. Oh, il n’est jamais loin celui-là. Quand les compréhensions affleurent il prend acte. Et ne bouge pas… Pour le moment. Probablement là encore parce qu’il n’est pas Temps. Et la boucle se boucle…
Ce thème est transversal…
Entre les quelques recettes ici et là, ma passion pour le kéfir et une réflexion sur d’autres sujets comme l’autisme, les liens commencent à se faire plus transparents.
Je ne citerai pas Hippocrate (comprendre pourquoi ici) mais je rejoins néanmoins l’idée.
Partant du constat que nous nous nourrissons de ce qui nous entoure (au sens large : aliments certes, mais aussi notre environnement, notre lieu de vie, celui de travail, nos loisirs mais encore au contact des arts, de la Nature…), la réflexion devient un peu plus complexe et peut pourtant se résumer ainsi : « par quoi ai-je envie d’être alimenté et de quoi ai-je faim ? Qu’est-ce qui me nourrit ?« . Si ça n’a l’air de rien, pourtant ces questions sont fondamentales.
Mais revenons aux bases.
Réapprendre à écouter son corps. Dans une société où les rythmes sont calés sur les institutions (école, travail…) nos besoins corporels sont parfois assez artificiels. Les structures et codes sociaux entrent aussi en ligne de compte : la cantine, le restaurant du midi entre collègues, la pause déjeuner dans une salle dédiée et bien sûr les dîners en famille et entre amis.
Pourtant il est fondamental d’écouter son corps. Sauter un repas, manger moins, manger autrement… Et ne pas se laisser intimider par des us perçus comme des diktats. Rester soi, rester sain signifie vivre comme on le souhaite. Et donc, se nourrir en décalé si le besoin est là, ne pas manger s’il ne se manifeste pas, jeûner si le corps appelle… Et bien évidemment, apprendre à reconnaître les signaux ! Manger par ennui, stress ou compensation ne rentrent pas dans la nécessité physiologique. Mais encore faut-il être conscient.e du message envoyé et savoir le décrypter.
Bref, se réconcilier avec soi-même et s’écouter.
Et vous savez quoi ? Passé la première angoisse du jugement, on s’aperçoit assez vite qu’en ne disant rien (pour se justifier ni anticiper les questions) la curiosité engendre des échanges parfois très riches… Et qu’en bougeant nos lignes de conduite on permet à d’autres de rendre les leurs un peu plus mobiles aussi 😉
En voici une bonne question !
De fruits ? De légumes ? De chocolat ? De sucré ? De frais ? De produits de saison ? Cuits ? Crus ?
Combien de fois ce qui nous guide correspond au contenu du frigo et/ou au menu du restaurant habituel mais pas à notre envie du moment ?
Mais la vraie question reste : qu’est-ce qui fait sens pour moi ? Et dans quelle intention vais-je le manger ?
Une fois résolue cette interrogation, reste celles du sens et de l’ordre.
Selon sa culture, ses habitudes et son régime alimentaire (attention, au sens large et pas de diète restrictive ou de méthode miracle trouvée dans un journal féminin !), l’ordre d’ingestion des aliments et leurs associations varient. Chacun fera selon son ressenti et ses envies. Écouter son instinct est souvent très bénéfique. Et s’interroger sur les habitudes différentes des nôtres conduit parfois à de jolies découvertes.
Ainsi les fruits seraient bien plus digestes en début de repas, ou consommés en dehors des repas à minimum 2h d’intervalle. Et le café serait bien plus bénéfique s’il est consommé avant un repas qu’à la fin… Pour les curieux, n’hésitez pas à ouvrir votre moteur de recherche favori 😉
L’ordre donc, mais également le sens. Pourquoi est-ce que je mange ainsi ? Quelles informations est-ce que je donne à mon corps ? Quels nutriments, quelles vitamines et comment sont-ils assimilés ?
Eh oui ! Se délecter d’un délicieux repas végétarien plein de vitamines et de minéraux, concocté avec amour et finir en dégustant un bon thé vert… Sur le papier c’est très joli mais techniquement tout le fer contenu dans les oléagineux, algues et autres savoureux ingrédients choisis en conscience pour éviter toute carence sont en fait presque rendus impossibles à fixer… A cause du thé ! Il aurait fallu attendre quelques heures que la digestion soit bien entamée, voir finie, pour le boire et en retirer tous les bénéfices.
Attention, il s’agit d’exemples et encore une fois : faites-moi plaisir et soyez sceptiques ! Faites vos propres recherches et vérifiez ce qui est écrit : je ne suis ni médecin ni nutritionniste.
Ça y est, vous avez fait vos courses en conscience, déterminé quels ingrédients et préparations ont vibré pour vous et établi votre liste des menus de la semaine… Tout est prêt, vous avez faim – vraiment faim – et sur la table les plats sont dressés et n’attendent plus que vous.
Faisons donc un petit tour par un TedEx fort intéressant… How the food you eat affects your brain (« Comment ce que vous mangez impacte votre cerveau ».)
Toujours pas convaincu.e ? Alors revenons aux fondamentaux : le microbiote et son rôle, avec cet article de France Inter. Tiens tiens tiens… Mais ne tiendrait-on pas un lien avec notre ami le kéfir et ses colonies de pré et probiotiques ? Et que dire de la lactofermentation ? Alors, vous commencez quand ?
Encore plus ? Allons donc voir ce qu’en disent BFMTV et Santé Magazine ! Si si !! 😉
Vite ? Très vite ? Par nécessité ? Ou par jeu ? Par goût ? En toute convivialité ? (Et oui on peut tout à fait manger de façon conviviale en étant seul.e !) Assis ? Debout ?
Quelles incidences les postures ont-elles sur mon corps ? Sur l’assimilation des aliments ? De ce qui me nourrit en général ?
Une vidéo d’Arte que j’aime beaucoup :
Déjà, savoir ce que l’on veut soi-même relève parfois d’une sacrée gageure… Avoir des enfants, de la famille, un conjoint, un colocataire (ou plusieurs, soyons fous !) peut notablement complexifier les choses. Ajoutez quelques paramètres sympathiques – entre les goûts des uns et des autres et les intolérances et autres allergies – et allez prendre un cours avancé d’Excel histoire de réaliser un joli tableau croisé dynamique pour satisfaire /éviter d’empoisonner vos convives !
Il existe néanmoins des ressources. Je ne résiste pas à mentionner celle de Josef Schovanec et son livre de recettes par et pour les personnes autistes.
Et je termine ce court article (oui oui ! Ce sujet est tellement vaste qu’il mériterait une encyclopédie à lui seul) par une citation :
« Les rêves sont la nourriture des dieux. »
Paul Ohl / Soleil noir
Alors, de quoi allez-vous rêver aujourd’hui ?
Il n’était pas encore temps. Cette phrase était devenue comme un mantra, elle revenait encore et encore, sur bien des sujets. Au fil de ses promenades elle parcourait les forêts et les sentiers, saluait les gardiens, goûtait à la prodigieuse générosité de la Nature. Seule. Et patiente. Elle savourait ces instants, le visage levé vers la chaleur du soleil comme baigné par les rayons doux de la lune. Elle regardait passer les saisons, observait les uns et les autres et retrouvait peu à peu ses marques. Son odeur aussi. Tout lui paraissait neuf et en même temps avait cette familiarité qui imprègne les vieilles maisons de famille, où chaque pièce évoque subtilement ses anciens habitants sans qu’on en trouve plus trace pourtant.
Elle regardait passer les jours et ouvrait grand ses oreilles. De judicieux conseils trouvèrent alors leur auditoire et elle posa sa demande. Tenue par sa parole, elle frissonnait et pourtant restait droite, élancée vers le ciel, les deux pieds plantés au sol, faisant le lien, laissant son cœur vibrer pour mieux lancer les mots. Elle les laissa couler, initiant la vibration puis l’ancrant fermement dans la matière. Le retour fut aussi rapide qu’heureux. Elle en resta stupéfaite : oui, elle avait réussi. Consciemment, dans la joie et la fluidité. Elle célébra et laissa filer les jours, encore. La situation se mettait en place d’elle-même, avec tout ce qu’elle avait pu demander – et un bonus ! « Bienvenue sur Terre, Sorcière qui s’incarne enfin ! » semblaient lui chuchoter les gardiens, un peu taquin…
Les résonances perdurèrent et elle surfa dessus pour mieux les diffuser. Elle contaminait petit à petit tous ceux autres qui l’avaient soutenue jusque là, heureuse de pouvoir leur rendre une infime partie de ce qu’ils lui avaient donné. Les heures se teintaient de pluie, de nuit. Les journées raccourcies montraient leurs visages gris. Mais cela ne l’inquiéta pas : « après la pluie, le beau temps » disait-on. Elle laissa filer des occurrences, concentrée sur ses propres vibrations. Il n’était pas encore temps d’émettre, quand bien même quelques indicateurs commençaient timidement à passer au vert. Elle parcourait simplement ses playlists, portée par les algorithmes qui suggéraient de belles découvertes. L’analyse certes, la prise de recul, évidemment, et l’intuition, la meneuse de revue.
Elle guettait les premières gelées, en ayant hâte de retrouver les cynorrhodons en vue de préparer les sirops de l’hiver. Mais les températures n’avaient pas vraiment l’envie de tant baisser et elle se contenta de vaquer à ses tâches – déjà fort nombreuses ! Glaneuse de noisettes, ramasseuse des belles Lucques, préparatrice des confitures de tomates vertes et lacto-fermentrice de blettes… Elle s’improvisait magicienne dans sa cuisine, parfois armée d’un mixeur plongeant, retrouvant une alchimie qui lui avait tant manqué. D’échanges inspirés en confidences soutenantes, elle tissait doucement la toile de la sororité, de nouveau attentive à d’autres mondes que les siens.
Dans ses préparatifs, aidée par des conjonctions si improbables qu’elles ne trouveraient même pas crédit dans un roman contemporain aussi surréaliste soit-il, elle avait cet ancrage fort liant ses rêves à la terre, joignant ses énergies aux puissantes émissions de Gaiia. De journées chargées en soirées tout aussi pleines, elle se dégagea le temps nécessaire à une pause bienvenue. Sortie attendue, sortie inattendue. Presque frustrée d’une durée subjective jugée collectivement bien trop courte, elle réintégra ses pénates… Et suivi son intuition. Cette petite voix qui appelait, qui tirait malgré l’heure, la fatigue et les impératifs du lendemain. Elle ne comprenait pas. Nulle logique, nul signal aussi faible soit-il. Mais il en est ainsi parfois, et elle décida qu’il n’y avait rien à perdre. Aussi doubla-t-elle son geste, lâchant toute autre intention que de générer un sourire. C’était déjà bien, après tout… C’était l’essence de ce qu’elle distillait au quotidien depuis ces semaines, où elle se ravissait d’un échange de regard, d’une trille d’oiseau, une fleur se balançant dans le vent… De toutes ces merveilles qu’elle semblait parfois seule à voir et qui la portait dans ses vagabondages.
Alors c’était ainsi la Vie et elle la savourait. Avec ses langueurs, ses creux, ses tempos si différents. Elle se réjouissait de progrès infimes, de nouvelles recettes, d’inspirations subites, d’heures passées à arpenter les sentiers plein de gadoue, et de tous les messages qui formaient la toile de ses flux. Elle ne les racontait pas, solitaire et heureuse de finalement ne pas poster de photos ni récits. Certains amis proches devinaient ses connexions, ses besoins fous d’aller par-delà les vignes. Quelques privilégiés partageaient ces levers de Lune, ces toiles d’étoiles, ces lumières si fines qui piquetaient leurs escapades. Avec parfois en bonus une bande son originale, patchwork musical résonant largement et nimbant leurs méditations d’une aura classique et pourtant si moderne… Paradoxe de ces moments si rares, précieux souvenirs qu’elle enfouissait au fond de son cœur pour mieux les ressortir plus tard et se réchauffer à leur souvenir. Rien de fixé, seules les intentions et quelques paroles flottaient, souvent agrémentées de rires complices.
Elle en souriait encore en se tordant gentiment les chevilles sur les pierres roulantes d’un de ses parcours favoris, amusée par une Lune si vive qu’elle en éclairait le chemin en rendant inutile toute autre source lumineuse, lorsqu’un crapaud aventureux lui barra le chemin. Pas peureux, il s’approcha d’elle et leur dialogue livré de cœur à cœur est désormais connu des dévas présentes sur les rives alentours… On murmure qu’en tendant bien l’oreille et en leur livrant leurs offrandes favorites, ils en chanteraient quelques bribes, mi-amusés mi-moqueurs de ces êtres ayant perdu la foi depuis si longtemps et qui soudain revenaient à leur vraie Nature, révélant alors tous les possibles… Nul baiser ne fut échangé : à quoi bon ? Le batracien placide poursuivit simplement son chemin. Et elle le sien. Les transformations sont d’un autre ordre. Les transports ont lieu sur d’autres plans et seule la Magie opère, faisant danser les mots, liant les maux pour mieux en transmuter leurs peines et les expurger. Il ne leur reste qu’à entrer dans la lumière, dans leurs lumières, à leurs rythmes et dans un ballet habillement mené, fait de contretemps, de virevoltes, d’habiles chassés-croisés où l’observateur ne saurait même trouver les points de jonctions tant ils sont fugaces. Mais les cœurs savent et les âmes chantent. Il en est ainsi des Vies : parfois elles s’entremêlent, parfois leurs souffles s’emmêlent. Et sous le regard amusé et toujours aussi perçant et affûté de l’Alchimiste, resté bien en retrait, les premiers battements du tambour résonnent, comme autant de marques et d’invitations… Tandis que spirales et points guident leur danse céleste.
En mouvement, empaquetant ses possessions, triant et rangeant, nettoyant et déplaçant : il est des énergies qui appellent au neuf. Il en est d’autres qui souhaitent rester et tout est Juste. Que chacun fasse en sa conscience, la sienne étant désormais confiée à une petite voix timide, si souvent étouffée jusque là et qui maintenant se trouve les rênes en main. Advienne ce qui est !